PHARMACIENNE, Michèle Soulet a toujours accordé beaucoup d’importance aux relations humaines. « Tout au long de mon exercice, c’est le contact avec les patients que j’ai aimé le plus », confie-t-elle. Sa carrière officinale, elle l’a réalisée comme adjointe dans une pharmacie niortaise : « je suis restée 35 ans au sein de la même pharmacie ; j’ai connu trois titulaires ». Aujourd’hui retraitée, Michèle Soulet consacre la plupart de son temps à l’écriture. En trois ans, elle a déjà publié deux livres et un troisième est en préparation. Écrivain ? « Non, je préfère être qualifiée de témoin », déclare-t-elle. Témoin de son temps, des bonheurs et des malheurs de la vie ; témoin de l’absence, de la vie sans ceux qu’on aime et de la reconstruction malgré tout. « Je n’avais pas d’autres choix que de continuer à vivre malgré l’absence, malgré le chagrin », écrit notre consœur dans les premières pages de son nouveau livre. L’épreuve de la mort l’a ainsi conduite à poser sa douleur sur le papier, à faire danser les mots sur une musique empreinte de tristesse mais aussi d’espoir.
Écrire pour transmettre.
Mère de trois enfants, Michèle Soulet a d’abord écrit pour elle et ses proches : « En 1997, j’ai été interpellée par un livre intitulé « Comment réaliser votre journal de famille ». J’ai alors décidé de tenir un journal familial, pour raconter ces petites histoires de tous les jours, ces événements joyeux comme tristes, que l’on se raconte de génération en génération. Le journal existe encore, et paraît deux fois par an. Tout le monde y participe avec beaucoup de plaisir. Je me suis improvisée rédactrice en chef. »
En 2009, la SLA (sclérose latérale amyotrophique) vient bousculer la vie de ces deux pharmaciens (son mari était pharmacien hospitalier), prenant l’un des deux en quelques mois seulement, et brisant l’autre. Le parcours littéraire de Michèle Soulet s’est ainsi construit petit à petit, au fil des épreuves et au gré des rencontres. Avec Monique par exemple, une aide soignante qui venait réaliser les soins pour son mari. « Tout au long de la maladie, j’ai écrit des lettres à mon époux car la communication orale devenait difficile. Monique m’a conseillé de partager cette correspondance, de l’ouvrir à d’autres personnes qui, comme moi, avançait dans l’obscurité de la maladie. »
Après la publication de son premier livre en 2012 (« Souris à la vie »), Michèle Soulet a continué d’écrire dans un blog qu’elle a créé pour les personnes touchées par la SLA. C’est de ce blog qu’est né son second livre, « Les quatre saisons de Mia » : « Je voulais changer d’éditeur, et c’est grâce à une visiteuse de mon blog que j’en ai retrouvé un. » En octobre 2013, le livre de Michèle Soulet est publié aux éditions de la Morelle. Et c’est le chanteur Yves Duteil qui en écrit la préface : « Je voulais introduire chaque chapitre du livre par les paroles extraites d’une de ses chansons, « les gestes délicats ». Ces paroles sont si justes ! Je lui ai envoyé mon manuscrit. Lui et son épouse m’ont répondu rapidement, me proposant d’écrire la préface. »
Du comptoir aux salons littéraires.
Après le comptoir et les médicaments, l’écriture a ainsi offert à Michèle Soulet de découvrir un nouveau monde, celui du livre et de l’édition. Malgré une détérioration de sa vision, Michèle Soulet continue d’écrire : « Il a fallu surmonter cette nouvelle épreuve, et rebondir. Une rencontre fortuite, avec Claude Imbert (médecin et écrivain), m’a redonné l’optimisme et la volonté. J’utilise deux écrans et j’ai grossi les lettres sur mon clavier. » Celle qui appréciait tant le contact avec les patients à l’officine retrouve de temps en temps cette relation humaine : « Les séances de dédicaces dans les librairies sont une occasion de rencontrer des personnes abîmées par la maladie. Ces moments sont forts et éprouvants parce que je reçois de nombreuses confidences. » Cette année, Michèle Soulet va également participer à plusieurs salons du livre à travers la France. Depuis la sortie de son premier livre, elle a été invitée à une conférence organisée par l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Niort pour venir témoigner sur la fin de vie. Une nouvelle expérience qui a ravi notre consœur. D’ailleurs, son premier livre est aujourd’hui étudié dans les écoles d’infirmières.
Sur son blog, Michèle Soulet écrit : « A l’heure de la retraite, je me suis trouvée une nouvelle passion, bien loin de mon univers professionnel. Écrire pour témoigner de ce que j’ai découvert au plus intime de la vie. » Loin de son univers professionnel, peut-être, mais loin de sa profession, pas tant que ça. Au risque de la contredire, notre consœur, par ses livres, reste véritablement fidèle au serment qu’elle a prononcé lorsqu’elle est devenue pharmacien. Et à sa manière, elle continue d’accomplir ses devoirs envers le malade et sa dignité humaine.
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