Il est environ 17 heures, ce samedi 5 octobre, quand un homme entre dans la pharmacie de Saint-Valery-sur-Somme (Somme). Noémie Davoust, pharmacienne adjointe, le reçoit et voit une main très gonflée. L'homme dit avoir été piqué par une guêpe à son travail, au Crotoy, l'autre port de la baie de Somme. La douleur l'a gagné en rentrant à son domicile, et il s'est détourné de sa route pour s'arrêter à la pharmacie de Saint-Valery.
Pour Noémie Davoust, il y a peu de doute. « Il y avait un risque d'œdème de Quincke, de choc anaphylactique, son pronostic vital était engagé, la réaction s'étendait à tout le corps. Je voyais ses signes, son mal à la main n'était pas grave, mais sa bouche s'engourdissait, ses paupières également. »
Elle le fait asseoir dans la pièce d'orthopédie et, faute de connaître le médecin de garde, elle compose le 15. « J'ai décliné l'identité du patient, un homme en forme de 47 ans, sans antécédents allergiques connus, et j'ai décrit les symptômes au médecin régulateur. » Noémie Davoust consate alors les difficultés respiratoires grandissantes du patient, et demande au médecin s'il n'y a pas de contre-indication à lui injecter de l'adrénaline. Le médecin régulateur prend lui-même le patient au téléphone, entend sa gêne et donne son feu vert.
La consœur prend la tension du patient, 16/8, elle le masse sur la cuisse, « pour faire affluer le sang », et lui injecte de l'Anapen en intramusculaire. Le SMUR a déjà envoyé un médecin du SAMU, qui mettra vingt minutes pour parcourir vingt kilomètres, dont la traversée de deux villes et deux villages, avec une infirmière et une ambulance privée. Tous se retrouvent devant l'officine, en plein cœur de Saint-Valery, heureusement en dehors de la saison touristique et de ses embarras permanents de circulation. Le médecin urgentiste injecte une dose de cortisone au blessé, qui est ensuite conduit à l'hôpital d'Abbeville.
Un rôle qui doit être mieux reconnu
« Il faut avoir les médicaments nécessaires à l'officine, les renouveler quand ils sont périmés, précise Yveline Sueur, la titulaire. Il faut aussi que le patient pense à venir à la pharmacie, et qu'on soit capable d'assumer. » Le matin même, elle avait envoyé chez le médecin une vieille dame qui avait été mordue par un chat, qui est revenue ensuite avec une ordonnance pour des antibiotiques. À l'occasion d'un autre accident, elle avait demandé aux pompiers une formation aux gestes d'urgence pour toute l'équipe de la pharmacie.
« On pallie les défaillances des autres, regrette Yveline Sueur. Qui paie les médicaments, qui paie l'acte de soin ? On ne nous informe même pas des médecins de garde dans notre ville. » Les deux pharmaciennes ne contestent pas leur place dans la chaîne des soins, bien au contraire, mais elles aimeraient que leur rôle soit mieux reconnu.
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