Monet a été l’un des premiers à être séduit par l’art du Japon lorsque le pays s’est ouvert à l’Occident en 1868. Avec ses couleurs vives, ses aplats, ses effets de perspective, pour représenter la nature et la vie contemporaine, le japonisme, avant de se retrouver dans les arts décoratifs, est dans les peintures, avec des geishas (Whistler) entourées de paravents, avec leurs ombrelles et éventails qui deviendront même un support pictural pour Degas et Pissarro.
Les peintres collectionnent les estampes qu’ils placent dans leurs tableaux (Manet, Van Gogh) et en réalisent eux-mêmes, comme Degas, Mary Cassatt, Henri Rivière (« les Trente-Six Vues de la tour Eiffel », 1888-1902). La simplification des formes est poussée par les Nabis, Vallotton, Bonnard, Vuillard (« Paysages et Intérieurs », 1899), Denis (« Amour », 1892-1899). Les néo-impressionnistes, Seurat, Signac, Cross, refusent la perspective et le volume.
Reconnaissance américaine
C’est dans cette évolution qu’apparaissent les « Nymphéas », offerts par Monet à la France au lendemain de l’armistice de 1918 et installés selon ses plans au musée de l’Orangerie en 1927. Boudés par le public pendant plus de 30 ans, ils sont reconnus dans notre pays en 1952 lorsqu’André Masson les qualifie de « Sixtine de l’impressionnisme », et aux États-Unis en 1955 quand Alfred Barr en achète un grand panneau pour le MoMA de New York. Ils sont alors présentés comme « une passerelle entre le naturalisme du début de l’impressionnisme et l’école contemporaine d’abstraction la plus poussée » aux États-Unis. On les voit à côté d’un Pollock, qui recouvre la toile avec ses drippings de manière aléatoire, rappelant la gestualité de Monet.
Au musée de l’Orangerie, les « Nymphéas » et quelques œuvres tardives de Monet sont mis en perspective avec une vingtaine de toiles d’expressionnistes américains. Chacun a son style : calligraphie de Mark Tobey, qui rappelle le motif unificateur des « Nymphéas » ; aplats monumentaux et irréguliers d’une même couleur de Clyfford Still ; verticalité de Barnett Newman, qui détermine des « espaces-formes » ; plages amples et simplifiées de Willem de Kooning ; aplats par champs de couleur de Mark Rothko, qui créent un nouvel espace ; voiles colorés successifs de Morris Louis. Et encore l’abstraction minimaliste aux couleurs primaire d’Ellsworth Kelly, les mosaïques de Riopelle, les contrastes de lumière de Sam Francis.
Les qualités optiques des dernières compositions de Monet ont un aspect mystique, à l’origine des impressionnistes abstraits. Helen Frankenthaler et la nouvelle spatialité, Philip Guston et son lyrisme, ou Joan Mitchell, qui, installée à côté de Giverny, préfère peindre ce que la nature a laissé en elle plutôt que la réalité. Une bien jolie manière de célébrer le centenaire des « Nymphéas ».
(1) « Japonismes/Impressionnismes », jusqu'au 15 juillet. Tél. 02.32.51.94.65, www.mdig.fr
(2) « Nymphéas. L’abstraction américaine et le dernier Monet », jusqu’au 20 août. Tél. 01.44.50.43.00, www.musee-orangerie.fr
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