« J’AIME bien ma double vie, Dr Jekyll et Mr Hyde. Sur scène, j’oublie que je suis pharmacien, mais être pharmacien est un statut plus stable. Cet équilibre m’est nécessaire, et la musique reste un loisir », sourit cet adjoint de la pharmacie des Halles de Buchy (Seine Maritime).
Nicolas Piolé était pianiste à 12 ans, jouant Bach et Chopin au piano, et guitariste à 14 ans. Quarante ans plus tard, il déchaîne les salles, dans la lignée des Ramones, le groupe qui a créé la punk, à New York, en 1974. Il joue devant « 20 à 800 spectateurs », dans trois formations : une où il est guitariste, une où il est chanteur, la troisième où il fait les deux. « J’ai aussi eu un groupe de garage rock, les Flying Cadillac. On sortait la voiture du garage, et on jouait une musique très approximative avec des guitares électriques. »
La formation où il chante et joue de la guitare travaille des reprises des Rolling Stones. Ils font des tournées jusqu’en Catalogne, à Berlin, à Paris. « C’est un petit microcosme, dit-il, mais un réseau très vaste. » Les Flying Cadillac jouaient approximativement, mais le guitariste connaît aussi la musique. « La guitare se travaille et, sans être Jimmy Hendrix, je me débrouille plutôt bien ! » Il a quand même plus de 35 ans de pratique.
Certains clients de l’officine, de même que les préparatrices, lui connaissent cette double vie. « On ne passe pas à la radio, mais la presse locale parle de nous. On revendique notre musique, et elle reste bon enfant. On n’est ni hard, ni trash ! Pas non plus sataniques, on ne se prend pas au sérieux. »
Le bon docteur Jekyll
Nicolas Piolé, musicien déjanté, a un autre passe-temps, aux antipodes. Après une formation où que lui avait recommandé sa titulaire, il a acquis un diplôme et est il devenu spécialiste des huiles essentielles, qui constituent désormais une petite activité de l’officine. « L’huile s’obtient par distillation, elle est la quintessence d’une plante, et l’huile essentielle de certaines plantes a un fonctionnement curatif évident. Elle ne remplace pas l’allopathie, et n’est pas non plus un exercice illégal de la médecine. C’est plutôt une médecine douce, dont le côté naturel répond assez bien aux petits maux du quotidien. » Son efficacité est prouvée et elle doit être utilisée sous contrôle d’un professionnel ; on sait ainsi que la « menthe poivrée distillée, pourtant en vente libre, est abortive ».
À la demande d’un éditeur, Nicolas Piolé a même commis un livre sur « 200 trucs » d’emplois des huiles essentielles, allant du soin des maux de ventre à celui des brûlures. « Certains adeptes des huiles essentielles sont des extrémistes, ajoute-t-il, qui vont jusqu’à refuser la vaccination pour leur enfant. Les huiles ne correspondent pas à cela, elles sont un complément à la pharmacopée traditionnelle. »
Il en propose aux clients de la pharmacie, selon qu’il les sent réceptifs ou non. Mais, en pays de Caux, ce n’est pas comme en ville, « on ne prend pas si le médecin ne l’a pas dit ». Il distingue deux sortes de clients pour les huiles : des jeunes parents, soucieux de ne pas surcharger leur enfant de médicaments, et des patients âgés, qui se rappellent les produits naturels d’autrefois. Le bon docteur Jekyll a décidément plus que deux visages.
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