LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Si vous pouviez vendre des médicaments, comment procéderiez-vous en pratique ?
LAURENCE DUBOIS.- Notre concept est déjà bien avancé. Il s’inspire en partie du modèle que nous développons en Italie. Nous voulons proposer les médicaments qui sont aujourd’hui en libre accès dans les officines. Nos espaces de parapharmacie sont, pour la plupart, prêts à les accueillir. Ils seraient implantés à proximité de la caisse et d’une zone de conseil, qui se trouvent en général au centre du magasin. Des fiches d’information sur les pathologies traitées seront disponibles. Les termes de la signalétique restent à définir. On pourrait parler de médication familiale.
Comptez-vous détenir la totalité de ces médicaments ?
Pas forcément. Cette offre ne cesse de s’étoffer. Il faudra un assortiment cohérent. Le choix du référencement se fera au niveau national.
Comment pourriez-vous garantir des prix identiques ou très proches d’un magasin à l’autre ?
Ce que nous voulons, c’est être le moins cher de notre zone de chalandise. Les propriétaires de nos centres les gèrent de façon autonome. Mais il y aura des préconisations fortes en terme de prix pratiqués.
Disposez-vous de suffisamment de docteurs en pharmacie pour assurer la vente de médicaments ?
À ce jour, nous avons 134 parapharmacies. Notre objectif est d’arriver à 200 en 2012. Ces magasins emploient 180 diplômés en pharmacie. Cela veut dire que, pour assurer une présence permanente, ils doivent parfois se partager entre deux parapharmacies. Nous sommes toujours en phase de recrutement.
Quel est le profil type du pharmacien qui vient à vous ?
Ce sont surtout des jeunes diplômés qui ont déjà passé un peu de temps en officine. Ce qui leur plaît, c’est d’être responsables à part entière d’un centre de profit et aussi le conseil qu’ils continuent à dispenser.
Ces diplômés ne sont pas inscrits à l’Ordre…
Parce que l’Ordre ne veut pas de nous ! Nous demandons que se crée une section pour ceux qui travaillent dans des centres comme les nôtres. Ce sont aussi des docteurs en pharmacie, qui ont leur code de déontologie. Ils ont régulièrement des formations. Ils en auront sur les pathologies traitées. Certes, le dossier pharmaceutique nous sera difficilement accessible. Mais nous disposerons d’un logiciel permettant de détecter les interactions entre médicaments.
Qu’est-ce qui anime votre volonté récurrente d’abattre le monopole pharmaceutique ?
Le marché de l’OTC n’est pas négligeable, mais surtout, nous voulons le démocratiser. Rendre un marché plus accessible aux consommateurs, c’est dans nos gènes. La santé vient dans la continuité de notre offre en parapharmacie.
Le pharmacien comparé à un prestidigitateur, vous comprenez que cela puisse le choquer ?
On ne communique pas sans chercher à marquer les esprits. Cette campagne est traitée sur un ton humoristique et décalé. Comme la précédente, pour laquelle la justice a fini par nous donner raison.
Que vous inspire le sondage de l’Ordre des pharmaciens qui plébiscite la dispensation du médicament en officine ?
J’en prends note, mais nous avons des enquêtes qui montrent aussi l’intérêt du public pour une mise à disposition plus large des médicaments de premier recours. Quand l’offre sera là, elle intéressera le consommateur. Rappelons que 36 % des Français renoncent à l’achat d’un médicament remboursé à cause de son prix.
Les laboratoires ne semblent pas aller dans votre sens.
Il y a un double discours, comme pour la parapharmacie, à l’époque. Nous rencontrons les industriels. Nous avons déjà des contrats avec certains d’entre eux. Pour la plupart, ils nous disent qu’ils n’ont pas de raison de ne pas y venir le jour où ce sera légalement possible.
La ministre de la Santé reste farouchement opposée à votre démarche…
C’est un sujet qu’on a voulu remettre en débat. Cela prendra peut-être un peu de temps pour se réaliser. L’Italie, le Portugal et, bien avant, la Grande Bretagne y sont passés. Pourquoi serions-nous les seuls, en France, à cultiver cette exception ?
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