DEPUIS deux ans, le projet de développer en France la prescription électronique était plutôt discret. En 2012, les Ordres nationaux des professions de santé, réunis au sein du CLIO*, rendaient publique une note d’orientation sur « Comment déployer la prescription électronique » (« le Quotidien » du 23 janvier 2012). Soulignant le retard de notre pays dans l’état d’avancement de la prescription électronique par rapport à certains de nos voisins européens, ils préconisaient de lancer au plus vite une première phase pilote avec une centaine de pharmacies et de cabinets médicaux. Mais ces expérimentations n’ont jamais vu le jour.
La situation pourrait bien changer. Car l’assurance-maladie vient de rouvrir le dossier. Lors d’une rencontre avec les syndicats de pharmaciens et de médecins le 29 janvier dernier, l’organisme payeur a, en effet, présenté un nouveau projet d’e-prescription.
En pratique, le médecin rédige sa prescription sur son ordinateur ; celle-ci est ensuite traduite sous la forme d’un code-barres à deux dimensions (QR code ou Datamatrix) et imprimée sur l’ordonnance papier remise au patient. À l’officine, le pharmacien scanne le code-barres et la prescription apparaît sur son logiciel métier. Ce code contient l’ensemble des informations nécessaires à la dispensation : nom du malade, identité du médecin, spécialités et posologies prescrites (mentions également inscrites en clair sur l’ordonnance papier). L’officinal transmet ensuite directement l’ordonnance et la facturation à l’assurance-maladie.
Ce projet a été plutôt bien accueilli par les professionnels, comme le souligne Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Nous nous sommes accordés sur le principe, indique-t-il. Maintenant, il va falloir monter la mécanique, réaliser des tests et passer ensuite au déploiement en ville, puis à l’hôpital. » L’assurance-maladie se montre optimiste et estime que le système pourrait être opérationnel courant 2014.
Une première.
« C’est la première fois que l’on va expérimenter l’e-prescription en France, car nous avons trouvé une méthodologie qui respecte les règles de confidentialité des données et le libre choix du pharmacien par le patient », explique Philippe Besset. En effet, les premières pistes envisagées par l’assurance-maladie – dépôt des ordonnances sur un serveur informatique, comme le proposait également le CLIO, ou transmission des prescriptions via une messagerie sécurisée – avaient toutes été rejetées par les professionnels. La raison ? Le recours à un hébergeur posait notamment la question de son propriétaire : Ordre, assurance-maladie… Et surtout celle de la sécurisation des informations ultrasensibles contenues dans ce « big brother ». Quant au transfert des ordonnances par messagerie, beaucoup y voyaient un risque accru de compérage entre médecins et pharmaciens. La nouvelle solution avancée par l’assurance-maladie permettrait donc de mettre tout le monde d’accord. À quelques nuances près.
« Cela soulève toute une série de questions », tempère ainsi Gilles Bonnefond. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) regrette notamment que le matériel médical ne soit pas concerné, ni la prescription en DC (seuls les codes CIP seraient pris en compte). Il réfute également la position de l’assurance-maladie selon laquelle ce dispositif va simplifier le travail des pharmaciens. « C’est déconsidérer notre rôle d’analyse des prescriptions, s’insurge-t-il. Nous ne sommes pas des logisticiens ! » Quoi qu’il en soit, « nous n’en sommes qu’au début de la réflexion », souligne le président de l’USPO, qui en convient : « cette piste paraît plus raisonnable que la création d’un serveur. » L’e-prescription est sur rail.
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