C’ÉTAIT il y a un an. L’ancien commissaire européen Mario Monti adoptait au pas de course un plan d’austérité draconienne dès sa nomination en tant que Premier ministre, après la mise en retraite gouvernementale anticipée de Silvio Berlusconi. Un plan principalement axé sur des augmentations d’impôts, le rehaussement de l’âge de départ en retraite et la libéralisation de certains secteurs, dont les pharmacies. Trois mesures phares avaient été introduites : la libéralisation de la vente des médicaments non remboursés par la Sécurité sociale, celle des horaires d’ouverture des pharmacies et la création de 5 000 nouvelles officines. Ce dernier point était censé relancer l’emploi et favoriser la concurrence, affirmait à l’époque l’ancien banquier et ministre du Développement, Corrado Passera.
Un an après, les choses sont toujours au point mort en ce qui concerne l’ouverture des 5 000 nouvelles officines. Une mesure à laquelle les pharmaciens étaient particulièrement hostiles pour des raisons économiques. « La dépense de santé des Italiens ne bougera pas, surtout en période de récession. En augmentant le nombre de pharmacies, on diminue le chiffre d’affaires des officines déjà implantées », expliquait la pharmacienne Carla De Bernardi.
Mais après avoir vainement tenté de résister, les pharmaciens ont compris qu’ils ne gagneraient pas la partie. Et que même le départ éventuel de Mario Monti, qui rend son tablier quatre mois avant les législatives de 2013, ne changerait rien. « Nous subissons la situation et nous gardons les yeux ouverts. Nous étions contre l’ouverture de 5 000 nouvelles officines, mais il semble que d’autres soient du même avis » confie Franco Caprino, président de Federfarma Lazio, la fédération des pharmaciens du Latium.
D’« autres », ce sont les administrations communales dont dépend l’ouverture des officines. « Auparavant, les communes proposaient une liste aux régions, qui avaient le dernier mot. Depuis la libéralisation, les communes décident de leur propre chef. Les régions peuvent seulement organiser les concours », explique Franco Caprino. Pour le patron de Federfarma Lazio, cette situation risque d’entraîner des dérives en favorisant la corruption, l’une des grandes plaies de l’Italie. « Des pressions peuvent être exercées sur les communes. Et personne ne peut plus rien contrôler puisqu’il n’y plus d’organisme de surveillance, ce qui en fait était le rôle des régions », analyse Franco Caprino. Il ajoute que la fédération des pharmaciens a déjà été saisie dans certaines zones par des pharmaciens estimant avoir été victimes de corruption.
Pour traîner les pieds, les communes se raccrochent aux branches des nouveaux paramètres inscrits dans le décret sur les libéralisations, qui fixent le numerus clausus d’officines à une pharmacie par tranche de 3 000 habitants, et non plus 5 000 comme auparavant. « Les communes sont propriétaires des pharmacies communales. Pour éviter toute forme de concurrence, certaines communes proposent aux candidats à l’ouverture d’une nouvelle pharmacie de s’installer loin de l’officine communale. C’est-à-dire dans une zone généralement inhabitée ! », explique Franco Caprino. Du côté du Mouvement national des pharmaciens libres (Movimento nazionale Liberi Farmacisti), le son de cloche est identique. « Certaines administrations vont encore plus loin en indiquant des zones situées carrément à l’écart des centres habités », dénonce ce mouvement. Des conditions inacceptables qui « pénalisent les nouvelles officines d’un point de vue économique en les condamnant à une mort lente ».
Autre sac de nœud : les modalités du concours extraordinaire organisé pour l’ouverture des cinq mille nouvelles officines. « Normalement, les candidats doivent répondre à une centaine de questions tirées au sort parmi 3 000 quiz. Ce concours en revanche est basé sur un système de points. Tout est pris en compte, le parcours professionnel du candidat, qui vaudra un certain nombre de points, comme ses diplômes, les notes obtenues à l’université et les éventuelles publications faites dans des revues spécialisées. Si deux candidats obtiennent une moyenne identique, on choisira le plus jeune. Une façon de favoriser l’insertion des jeunes pharmaciens sur le marché du travail », explique Carla De Bernardi. Pour elle, cette base de calcul favorise en revanche a priori les recours. « Chaque région pourra établir son propre système de calcul et attribuer un nombre de points différents à chaque élément pris en compte. En cas de plainte, on pourrait décider de recompter tous les résultats dans toutes les régions. Et alors, adieu nouvelles pharmacies », ajoute Carla De Bernardi.
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