POUR OUVRIR une officine de l’autre coté des Alpes, les pharmaciens doivent passer deux épreuves. Ils doivent d’abord se présenter devant une commission chargée d’évaluer leurs parcours universitaire et professionnel. Puis répondre par écrit à une série de quiz portant sur trois matières : pharmacopée, technique et chimie pharmaceutiques, législation pharmaceutique. Pour passer le cap de la sélection, qui a lieu tous les quatre ans, les candidats doivent totaliser 75 bonnes réponses. « Les examinateurs tirent au sort 100 quiz sur un total de 3 000 quiz. Le problème, c’est que ces questions ont été préparées en 1997 par une commission nommée par le ministère de la Santé, qui a légèrement modifié leur contenu en 1998. Depuis, plus rien, malgré les modifications introduites au niveau de la législation et des changements intervenus dans la pharmacopée », s’insurge Carla Deberna, qui a passé l’examen en juin dernier. C’est d’ailleurs ce que dénoncent régulièrement les pharmaciens de la FOFI. « Paradoxalement, pour réussir l’examen, il faut cumuler les erreurs ! », ironise Andrea Mandelli, président de la Fédération.
S’armer de patience.
Après la publication des résultats, qui prend plusieurs mois, les candidats doivent s’armer de patience. Ceux qui ont totalisé le plus grand nombre de points seront servis les premiers. Toutefois, les contraintes imposées par la loi, qui prévoit une officine pour 4 000 habitants et une distance de deux cents mètres entre chaque établissement, pénalisent les vainqueurs qui attendent parfois plusieurs années avant de concrétiser leur rêve.
Face à une situation qualifiée « d’absurde », la FOFI se découvre une vocation de militante. Elle réclame d’abord une remise à plat des procédures d’organisation des concours, qui dure globalement un an et demi, voire plus dans certaines régions. En Sicile par exemple, il n’y plus de concours depuis dix ans. « Là-bas, c’est tout et n’importe quoi. Un décret régional accordant un droit de préséance aux pharmaciens des zones rurales a même été introduit ! Plusieurs recours ont été présentés et le dispositif a été jugé inconstitutionnel », s’indigne la FOFI.
En parallèle, la fédération réclame l’application systématique du règlement qui prévoit une révision des quiz tous les deux ans. Et aussi, la distribution rapide des « sièges vacants » dans les régions pénalisées par le manque de pharmacies. Enfin, la révision des critères concernant l’évaluation du profil des candidats. « L’expérience professionnelle des pharmaciens doit être prise en ligne de compte dans sa totalité. Avoir travaillé dans une parapharmacie n’est pas déqualifiant ! », soutient Andrea Mandelli. Pour la fédération, ce type d’expériences professionnelles doit être reconnu à plein titre après l’introduction de la loi Bersani sur la libéralisation, en 2006, qui a fait décoller le secteur. De plus, la fédération demande que les pharmaciens des parapharmacies qui soutiennent le concours, soient favorisés en obtenant une prime de départ sous forme de bonus. En clair, les examinateurs devraient leur accorder des points supplémentaires qui permettraient aux candidats de compenser leur manque d’expérience en pharmacies. Mais cette proposition fait sursauter certains pharmaciens qui parlent déjà de favoritisme, et donc de probables dérapages.
Durant son dernier conseil national, la FOFI s’est engagée à se battre pour obtenir la révision des critères. Toutefois, la bataille est loin d’être gagnée, le ministère de la Santé ayant pour le moment d’autres priorités, à commencer par la remise en ordre des comptes de la Sécurité sociale.
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