« JE ME SUIS sentie attendue », sourit Anne Alexandre, pharmacienne à Plumelin (Morbihan). À entendre Pierre Guégan, le maire de la commune, on pourrait même dire « espérée ». Plumelin est une petite ville rurale, à une bonne demi-heure de voiture des trois grandes villes du département, Vannes, Lorient, et Pontivy. Mais, à l’opposé de bien d’autres en France, les élus de Plumelin en ont fait un argument pour développer leur commune à marche forcée. Le résultat est là : une pharmacie vient d’y être créée, quelques pas la séparent d’une maison de santé. L’une et l’autre sont propriété de la commune, les praticiens ses locataires.
« Venant de Haute-Loire, j’ai d’abord acheté une petite officine à Cholet, dans le Maine et Loire, explique la pharmacienne. Mon intention était de la transférer en Bretagne, si possible dans le Morbihan, où mon mari et moi comptons prendre notre retraite, et dans une ville de 2 500 habitants, pour une création. » Le centre-ville de Cholet perdant en population et deux officines étant en surnombre, les autorités administratives et ordinales ont estimé qu’un transfert, donc la fermeture d’une officine, ne se traduirait pas par un abandon de population. Anne Alexandre s’applique alors à rechercher un nouvel atterrissage. Elle prospecte les villes de 2 500 habitants, voit le développement de Plumelin, et contacte la maire de l’époque, Agnès Le Gougaud. « Elle m’a accueillie à bras ouverts. »
Un cas d’école.
Plumelin est presque un cas d’école. La commune a fait le pari du logement auquel elle consacre une part importante de son budget. Elle a racheté tout ce qui était à vendre, en a fait des logements, soit pour son propre compte, soit par l’intermédiaire de deux bailleurs sociaux. Le privé s’y est mis, même pour louer. Aujourd’hui encore, la ville dispose de 15 hectares de réserves foncières constructibles. Pierre Guégan, ancien adjoint, et qui a succédé à Agnès Le Gougaud en suivant ses pas, est même fier de préciser qu’il n’existe plus une habitation vacante dans le bourg. Une maison traditionnelle est en cours de réhabilitation pour le compte de la commune, transformée en deux logements sociaux. Un autre bâtiment sera rasé pour raison technique. Ensuite, tous les murs auront des habitants, une rareté en France !
La population de Plumelin gagne 160 habitants par an. L’école maternelle et primaire (deux établissements, un public, un privé) compte 267 élèves. La commune a construit une maison de santé, attiré un second, et jeune, médecin, ainsi qu’une dentiste roumaine. S’y ajoutent deux infirmières, un orthophoniste, et trois kinés, en plein centre-ville, à côté de la mairie et de l’église. Les trois kinés n’ont déménagé que d’une vingtaine de mètres, leur ancien local était un ancien restaurant, transféré un peu plus loin, que la commune avait déjà racheté. La maison offre un local de plain-pied de 190 m2, aux normes d’accessibilité : ce sera la pharmacie d’Anne Alexandre.
Un contact facilité.
Car, en 2012, l’Institut de la statistique a procédé à un nouveau recensement. Le verdict est à peine tombé, 2 642 habitants, que la demande de création d’une officine est déposée, puis rapidement accordée. Il faut encore quelques mois pour l’agencement et le déménagement, et la pharmacie ouvre à l’été 2013. « Les clients n’avaient pas de pharmacie sur place, indique Anne Alexandre. Ils prenaient un taxi pour Baud, ou Locminé. Ici, les locaux étaient plus ou moins prévus pour une officine, et la maire m’a dit : " Faites ce que vous voulez ". Le contact a été assez facilité par tout cela, un peu plus long avec les personnes âgées, mais on ne peut que progresser. Je me sens plutôt optimiste, et les relations avec les autres professionnels de santé sont bonnes. »
Anne Alexandre a le sentiment de cumuler les avantages. Elle cherchait une location, c’est le cas. Elle a été contactée par une jeune femme, préparatrice à Quiberon (environ 60 km), mais qui faisait construire à Plumelin ! Elle a vite été recrutée. Plumelin compte aussi une maison de retraite pour religieuses, cent soixante pensionnaires et un EHPAD de quarante personnes que la pharmacienne compte bien fournir.
Les travaux de la maison de santé avaient démarré en 2012, pour une inauguration en juin 2013. « Un investissement de 500 000 euros », précise Pierre Guégan. Deux mois après, ouvrait la pharmacie. Ce n’était pas un coup d’essai de la part de la municipalité. Elle avait déjà racheté la boucherie dont le boucher partait à la retraite, pour la remettre aux normes, et la louer à un jeune : « Pour que les habitants disposent de tous les commerces et services de proximité », ajoute le maire. L’extension de la maison de santé, envisagée dès le départ de la construction, est déjà en projet. « Je reçois bien deux demandes par mois de professionnels de santé qui voudraient venir à Plumelin, note Pierre Guégan. Souvent de jeunes Bretons qui veulent revenir près de chez eux. »
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