« ENTRE TUNIS et la Lorraine, Lili grandit dans un univers de mensonges et la double vie de ses parents. Elle apprend à mentir elle-même. Va-t-elle dans son adolescence, ainsi que plus tard dans sa vie de femme, rechercher la vérité ? La vérité existe-t-elle et s’applique-t-elle à tous ? » Ce résumé des « Récits de Lili » raconte également la vie de son auteur, Éliane Bonafos, titulaire de la pharmacie Mar-Vivo à La Seyne-sur-Mer (Var).
« Lili, c’est moi », confie-t-elle. Pharmacienne depuis l’âge de 24 ans, Éliane Bonafos a effectué ses études à Marseille, après son départ de Tunisie. Elle s’est ensuite installée à La Seyne-sur-Mer et continue à exercer « avec bonheur de 6 heures du matin à 20 heures le soir » au milieu de ses 22 collaborateurs, dans son officine au bord de la mer. « J’ai la chance de travailler avec mon fils, qui est pharmacien lui aussi », explique-t-elle, visiblement très fière de lui.
Et pendant ses loisirs, elle se consacre à l’écriture. « J’ai toujours écrit, depuis l’enfance, notamment de la poésie, se souvient Éliane Bonafos. Mais je n’avais jamais été publiée jusqu’à présent. Je suis très littéraire, même si je me suis tournée vers des études plutôt scientifiques. » L’écriture de son histoire semble l’avoir aidée à se détacher d’un passé douloureux. « Je suis née en Tunisie et j’y suis restée jusqu’à l’indépendance, raconte-t-elle. Nous vivions dans un taudis de Tunis, avec mes parents. Je les aimais beaucoup, mais mon père menait une double vie et mentait à tout le monde : à ma mère, à sa maîtresse, à moi… Alors j’ai commencé moi aussi à inventer des mensonges. À l’école, je ne voulais pas avouer que j’étais malheureuse. Je racontais des histoires, j’embellissais ma vie et le lieu dans lequel nous vivions. Jusqu’au jour où je suis tombée malade et où des amies sont venues me rendre visite. Elles ont découvert avec stupeur le décor dans lequel j’habitais. À partir de cet instant, j’ai cessé de mentir. »
Le poids du mensonge.
Sa bouffée d’oxygène, Éliane la trouve auprès de ses grands-parents, qui vivent en Lorraine, près de Bitche. « Ils étaient cristalliers et ne manquaient de rien. Auprès d’eux, la vie était d’une chaleur et d’une douceur infinie. J’allais leur rendre visite tous les ans, entre 4 et 8 ans. » Ainsi, entre la Tunisie et la Lorraine, Éliane essaie de trouver son propre chemin et des réponses à ses questions. « Je me demandais si la vérité est bonne à entendre. J’ai compris plus tard que, même si nous avions tous souffert de la situation, c’est mon père qui avait été le plus malheureux, car c’est terrible de mentir et de porter le poids de ses secrets. Quand la maîtresse de mon père a appris la vérité, elle l’a quitté. Et ma mère lui a fait payer sa trahison toute sa vie… » Éliane, elle, a fini par pardonner à son géniteur. « Il est désormais décédé, et ma mère aussi. Je les ai accueillis chez moi et ils ont fini leurs jours à la maison. »
Après avoir tourné la page sur son passé, Éliane s’est lancée dans d’autres projets littéraires. « J’ai écrit un ouvrage sur Kahena, une reine berbère qui était une femme d’avant-garde, et un autre sur le thème "on ne naît pas Noir, on le devient". » Actuellement, elle se penche sur deux projets en parallèle : un texte sur le thème de l’avortement, également proche de son histoire personnelle, et un autre sur les nains. « J’y traite notamment de l’histoire de Michel Petrucciani, un pianiste et compositeur de jazz français, qui était atteint de la maladie des os de verre et jouait pourtant une musique divine. Et j’aborde aussi les nouveautés qui existent pour le traitement du nanisme. » À 72 ans, Éliane ne compte pas raccrocher de sitôt, ni la blouse, ni la plume…
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