« QUAND J’étais jeune, j’hésitais entre histoire et pharmacie… C’est finalement la seconde qui l’a emporté. Quelque part c’était logique. Mon grand père était préparateur, tout comme mon père. Et j’ai passé mon enfance dans le milieu des préparatoires, labos et comptoirs à Saint-Valery-en-Caux. »
Assis sereinement derrière son comptoir, François Olivier, 55 ans, goûte le fait de travailler seul. « Cela n’est pas le résultat d’une volonté délibérée, explique l’officinal. Quand j’ai racheté la pharmacie, il y avait une préparatrice et demie. Dans le même temps, j’ai commencé à mettre en place l’informatique dans l’officine et je me suis rendu compte que j’arrivais à bien faire tourner la pharmacie tout seul. Avec quelques principes et un peu d’organisation en matière de transmissions et d’archivages, il suffit de toujours faire les choses au fur et à mesure car le moindre retard se paie cash… et pour les vacances, il y a des remplaçants dans la fac d’à côté… »
Coup de cœur.
La petite pharmacie, originellement créée il y a deux siècles par un apothicaire nommé Auger, est située dans l’un des cœurs de la ville de Rouen, tout près de la place Saint-Marc. Elle semble n’avoir changé en rien depuis son ouverture au dix-neuvième siècle. Un très petit comptoir, une belle arrière-boutique, avec comme seule concessions au modernisme un meuble à tiroirs moderne pour ranger les boites de médicaments. Tous les meubles officinaux sont en chêne massif. Le bois prédomine dans la décoration y compris de la vitrine. Le seul regret de François Olivier est de ne pas avoir retrouvé les porcelaines d’origine.
« J’ai eu un véritable coup de cœur quand je l’ai découverte, se remémore-t-il. C’était en 1996. Le pharmacien, jusque-là assistant dans plusieurs pharmacies de petits bourgs normands comme Saint-Valery-en-Caux, Fécamp ou Saint-Ouen de Thouberville. Licencié économique en 1996, je me suis dit que c’était sans doute le moment de me lancer à mon compte… » Le nouvel installé, formé aux petites officines de campagne souvent seules ou presque au pays, retrouve la grande ville et découvre la concurrence ainsi que les cascades de réglementations qui cassent marges et bénéfices.
Botanique et chimie verte.
L’ancien élève du Pr Costentin à la faculté de Rouen se rappelle les 300 étudiants de sa première année en se demandant comment les jeunes des promotions bien plus nombreuses aujourd’hui arrivent à résister à la pression dans les grands amphithéâtres…
J’adorais la botanique, la chimie verte, la pharmacognosie et l’herboristerie. Je préparais des plantes dans mon coin. Aujourd’hui, sa clientèle urbaine et très majoritairement plutôt âgée et n’hésite pas à venir le voir pour discuter de tout et de rien. « Je ne vends pratiquement que du médicament. La parapharmacie ne m’intéresse pas vu les conditions de la concurrence à Rouen encore plus difficiles depuis l’arrivée de Lafayette… »
Deux petites dames sont assises sur les deux chaises devant le comptoir. Un client entre avec une demande de préparation. « Vous l’aurez dans trois jours, le temps de la commander à un laboratoire spécialisé parisien… » Et d’expliquer à ses deux visiteuses qu’il n’est plus possible aux pharmaciens de fabriquer eux-mêmes des préparations magistrales pour des raisons réglementaires et économiques.
Légende photo : François Olivier est à l’image de son officine, serein, calme et très disponible…
Photo c.sokolski
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