LE CHEF DE L’ÉTAT a adopté la posture du candidat non déclaré qui gouvernera furieusement jusqu’en mars, deux mois à peine avant la date du premier tour. Il sait en effet qu’on lui reprochera son bilan, même s’il contient quelques réformes non négligeables ; et il lancera encore des projets pour son éventuel second quinquennat, par exemple, sa grande réforme de l’école qui, à peine annoncée, soulève une levée de boucliers. Il reste à savoir si l’électorat sera plus sensible au dynamisme du président qu’aux critiques impitoyables qu’il déclenche à gauche et à sa droite, si le peuple verra dans cet activisme une chance ou une gesticulation, si les jeux ne sont pas faits. En effet, non seulement M. Sarkozy stagne ou baisse au premier tour, mais il n’empêche pas l’ascension de Marine Le Pen (20 %) et de François Bayrou (entre 11 et 14 %, pour le moment). Face à l’éparpillement des suffrages, Jacques Attali, non sans audace, n’exclut pas l’éviction au premier tour des deux candidats les mieux placés aujourd’hui, François Hollande et Nicolas Sarkozy et une finale entre François Bayrou et Marine Le Pen. Ce qui voudrait dire qu’il y aurait, au premier tour, un 21 avril (2002) à l’endroit, avec l’éviction du candidat du PS, et un 21 avril à l’envers, avec la disparition du candidat de la droite.
Le candidat du MoDem ne peut qu’approuver l’analyse de l’ancien conseiller de Mitterrand, qui est aussi la sienne. Mais elle a de quoi terroriser M. Sarkozy bien plus que M. Hollande qui, pour le moment, semble occuper une position indestructible, d’autant que, par le passé, on n’a pas vu qu’un candidat de la droite aussi mal placé dans les sondages que le président l’est aujourd’hui l’ait emporté le jour venu. L’opinion sait très bien que le président sortant a dû faire face à deux crises internationales successives qui ont plombé son action économique et sociale. Elle peut lui reprocher de n’avoir pas pris les bonnes mesures quand il le fallait, elle ne conteste pas que la France ne peut maîtriser seule des phénomènes mondiaux. En conséquence, s’il est vrai que la gauche bombarde le fameux bilan à l’artillerie lourde et ridiculise les projets du président dès qu’il en parle, M. Sarkozy souffre d’abord et avant tout d’un déficit d’image : ses efforts pour se « représidentialiser », sa discrétion nouvelle et son ton plus serein n’ont pas effacé, semble-t-il, la mauvaise réputation qu’il a acquise pendant les quatre premières années de son mandat. Il a beau tourner en ridicule la « normalité » affichée de M. Hollande, c’est elle que veulent les Français. Et s’il essaie d’ouvrir une polémique au sujet de propos tenus en privé par le candidat socialiste, elle ne dure qu’un matin.
Incertitudes.
La campagne provoque un malaise : on n’a pas le sentiment que la gravité des enjeux, conjoncturels ou à plus long terme, aient inspiré des comportements électoraux bien tempérés. La droite multiplie les propositions et même les dispositions avec la frénésie qu’entraîne le manque de temps législatif. La gauche tire dès que la droite montre le bout du nez parce qu’elle ne veut rien concéder de son avantage ou parce que, au fond, elle craint elle aussi Marine Le Pen et, accessoirement, François Bayrou. On ne saurait s’en offusquer car une campagne n’est pas le lieu des actes chevaleresques. Mais on est accablé par les incertitudes : M. Hollande n’a pas toujours pas dit quelles mesures il sortirait de la lourde besace socialiste ni celles qu’il enterrerait, ni de quelle manière il les financerait alors même que l’essentiel, aujourd’hui, c’est d’arracher la France à la crise de la dette où elle est enfoncée jusqu’aux oreilles. Mme Le Pen, bien entendu, pose un problème moral et préconise des solutions qui achèveraient le pays, comme la sortie de l’euro (un désastre). Jean-Luc Mélenchon est le symétrique de Mme Le Pen, la même recette pour une catastrophe, mais chantée sur l’air de l’Internationale. Quant à M. Bayrou, son analyse est la bonne, mais on n’a pas très bien compris ce qu’il compte faire pour sauver le pays.
Cette multiplicité de candidatures nombreuses portées par des hommes ou des femmes au programme encore confus ne profite guère au président sortant, usé jusqu’à la corde par plus de quatre ans de surexposition aux médias. Nous aurions besoin d’un président providentiel. L’histoire nous a apporté une crise effrayante mais nous ne sommes pas sûrs de pouvoir choisir l’homme ou la femme capable de la terrasser.
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