LA RÉFORME des retraites, adoptée à la fin de l’année 2010 par la loi Woerth, a prévu un relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite, ainsi que de l’âge d’attribution du taux plein, c’est-à-dire de l’âge auquel un assuré peut percevoir sa retraite de base sans décote, quelle que soit la durée d’assurance, tous régimes confondus. Il était ainsi prévu que l’âge légal de départ à la retraite, fixé jusque-là à 60 ans, soit porté à 62 ans en 2018, c’est-à-dire pour les assurés nés à partir du 1er janvier 1956. Ce relèvement était progressif, au rythme de quatre mois supplémentaires par an à compter du 1er juillet 2011 dans tous les régimes de base. Ainsi, les assurés nés après le 1er juillet 1951 pourraient prendre leur retraite à partir de 60 ans et quatre mois ; ceux qui sont nés en 1952 à 60 ans et huit mois, etc. Ce calcul a en effet commencé à s’appliquer à compter du 1er juillet 2011. En outre, l’âge requis pour percevoir une retraite à taux plein devait être augmenté ; de 65 ans auparavant il passera à 67 ans en 2023. Là aussi, il a été prévu que ce relèvement s’effectue par paliers, à raison de quatre mois supplémentaires par an à compter
du 1er juillet 2016.
Or la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012 a accé-léré le calendrier de cette période transitoire. En pratique, l’âge légal de départ à la retraite, pour les assurés nés à partir de 1952, est relevé de cinq mois par classe d’âge, au lieu de quatre mois initialement. Il atteindra ainsi, dès 2017, la borne de 62 ans pour les personnes nées à partir de 1955. De même, pour l’âge à partir duquel tout assuré bénéficie du taux plein, quelle que soit sa durée d’assurance : cet âge est progressivement relevé à partir du 1er juillet 2016 et atteindra dès 2022 la borne de 67 ans pour les assurés nés en 1955, alors que, initialement, cet âge de 67 ans ne devait concerner que les générations nées à partir de 1956.
Base et complémentaire.
Ces mesures concernent non seulement les salariés pour leur régime de base, donc les pharmaciens salariés, mais aussi les pharmaciens libéraux exerçant à titre individuel ou dans le cadre d’une société. Il faudra donc attendre plus longtemps pour pouvoir faire liquider sa pension du régime de base ou bénéficier du taux plein de cette pension. Les statuts du régime complémentaire obligatoire de la CAVP ont été modifiés en 2011, cette modification ayant été approuvée par un arrêté du 23 juin 2011.
En pratique, cette adaptation a eu pour objectif d’aligner les conditions d’âge minimal de liquidation du régime complémentaire sur celles du régime de base des pharmaciens et des autres Français, telles que modifiées par la loi Woerth de 2010. Autrement dit, pour les générations nées à compter de 1956, l’âge du taux plein est également repoussé à 67 ans dans le régime complémentaire, 62 ans étant la borne d’âge minimal pour prendre sa retraite. Le recul du taux plein du régime complémentaire touche également les générations nées avant 1953 ou en 1953, 1954 et 1955, mais avec une progressivité moindre.
Toutefois, grâce à une politique de gestion saine et prudentielle, la notion dite de taux plein est préservée : un pharmacien né en 1956 percevra, à 65 ans, une allocation sans décote. Autrement dit, le montant des pensions servies à 65 ans reste identique avant et après réforme. « C’est une décision qu’ont pris les pharmaciens administrateurs de la CAVP en juillet 2011 dans l’intérêt de leurs confrères, grâce à l’autonomie de gestion de notre institution. Cette disposition est aujourd’hui regardée avec beaucoup d’intérêt par d’autres caisses de retraite des professions libérales », fait remarquer Bernard Lagneau, son président.
Pour le volet géré en capitalisation de la retraite complémentaire, enfin, le pharmacien peut percevoir là aussi sa retraite dès 62 ans. Celle-ci est calculée en fonction du montant du capital épargné, de l’âge à la liquidation, de l’option de réversion et du contexte actuariel. C’est une retraite à la carte, qui tient compte de tous les paramètres du pharmacien.
Optimiser la retraite.
Pour optimiser le montant de sa retraite, le pharmacien dispose de plusieurs options. Tout d’abord, s’il n’a pas fait « le plein » de cotisations dans les différents régimes, il peut, à certaines conditions, faire liquider séparément sa retraite de base et sa retraite complémentaire. En effet, la seule exigence pour bénéficier de l’exonération des plus-values de cession lors du départ à la retraite est de faire liquider sa retraite de base. Le pharmacien peut donc continuer, dans ce cas, à cotiser dans le régime complémentaire
et liquider ce régime ultérieurement. Cette dissociation est donc intéressante pour les pharmaciens qui souhaitent bénéficier de l’exonération des plus-values de cession lors de leur départ à la retraite, puisqu’il suffit alors de liquider le régime de base pour être en conformité avec la loi, tout en continuant d’abonder dans le régime complémentaire pour éviter, le cas échéant, une décote pour anticipation dans ce régime. En revanche, un pharmacien ne peut pas liquider son régime complémentaire par capitalisation sans en avoir liquidé la part gérée par répartition.
Un autre intérêt est de liquider le régime de base dès que le pharmacien a l’âge requis et obtenu tous les trimestres nécessaires, puisqu’il n’y a pas de surcote dans ce régime si l’on liquide ses droits à l’âge minimal de départ à la retraite. Par ailleurs, un pharmacien ayant fait valoir ses droits à la retraite complémentaire par répartition peut, bien entendu, continuer à effectuer à titre volontaire des versements sur son compte individuel de capitalisation jusqu’à l’âge du taux plein.
Mais pour optimiser le montant de sa retraite, il faut surtout commencer à cotiser tôt et dans la classe la plus élevée possible du plan de capitalisation du régime complémentaire. « Sur la base d’un revenu annuel de 90 000 euros, la cotisation annuelle du pharmacien s’élève à 10 500 euros par an. C’est dire que le phar-
macien ne consacre en moyenne que 11,7 % de son revenu à sa retraite. Or c’est un montant insuffisant pour avoir une retraite très élevée. En pratique, le pharmacien doit consacrer au moins 30 % de ses revenus, sous une forme ou sous une autre, pour se préparer une bonne retraite, et cela dès le début de l’exercice professionnel », explique-t-on à la CAVP. Il est vrai que le plan de capitalisation de la caisse de retraite des pharmaciens offre à cet égard une très grande souplesse. Notamment, il est possible de changer de classe de cotisations tous les semestres. En outre, le régime fiscal et social du plan de capitalisation de la CAVP est très avantageux, et beaucoup plus avantageux, à maints égards, que celui d’un contrat Madelin.
Rachats et versements.
Enfin, le pharmacien a toujours la possibilité d’effectuer des rachats pour compléter sa retraite par
capitalisation. Il existe deux types de rachats à la CAVP. Premièrement, le pharmacien peut racheter des années non cotisées dans la partie par capitalisation en autant de fois qu’il le veut. Ensuite, le pharmacien peut effectuer des « versements différentiels » dans son plan de capitalisation individuel. En effet, lorsqu’un affilié décide de cotiser dans une classe d’option supérieure, il s’ouvre un potentiel de versements supplémentaires. Ces versements lui permettent de porter au niveau de sa nouvelle classe de cotisation le montant des cotisations et rachats déjà versés sur son plan de capitalisation. Ce potentiel est recalculé à chaque changement de classe de cotisation, à la baisse comme à la hausse.
À la CAVP, on insiste beaucoup sur cette nécessité de se constituer, le plus précocement possible, une retraite personnelle par capitalisation qui viendra compléter, le moment venu, les pensions du régime obligatoire par répartition. Même si la pension de la CAVP ne représente pas toute la retraite du pharmacien, il faut un minimum de rente de la CAVP, que l’on peut estimer à 3 000 euros par mois, puisque c’est à peu près le prix que coûte une place en maison de retraite. Or la rente de la CAVP est une sécurité pour le pharmacien qui part à la retraite, puisqu’il est assuré de la percevoir pendant les trente années que durera, en moyenne, sa vie de retraité. Mais on peut effectivement la compléter par le produit de la vente de l’officine, par une assurance avec une sortie en capital, par de l’immobilier, etc.
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