EN ALLEMAGNE, les ordonnances utilisées par les médecins n’ont rien à voir avec le beau papier à lettres bleues en usage de ce côté-ci du Rhin : il s’agit au contraire de simples formulaires imprimés, rouges ou verts selon la catégorie de prescriptions, au design aussi affriolant que celui de nos feuilles de maladie « cerfa ». Le médecin doit les remplir très scrupuleusement, les signer et apposer son cachet, avant que le patient ne les présente à la pharmacie. Depuis quelques jours, les médecins sont donc tenus d’indiquer un numéro de téléphone sur l’ordonnance, afin de pouvoir être joints si nécessaire par le pharmacien, et doivent aussi y inscrire leur prénom en entier. Jusqu’à présent, un grand nombre de praticiens se contentent d’indiquer la première lettre de leur prénom, conformément d’ailleurs à un usage qui veut que le prénom, en dehors du cercle privé, soit beaucoup plus rarement cité qu’en France. La mention du prénom vise à mieux identifier le praticien, surtout lorsque celui s’appelle Schmidt ou Muller, l’équivalent de Dupont ou Martin, mais tous les médecins, loin s’en faut, ne le font pas figurer en entier sur leurs timbres ou tampons.
Les pharmaciens jugent que la mention du numéro de téléphone est une bonne idée, et celui-ci est d’ailleurs déjà très souvent indiqué sur les ordonnances. En revanche ils s’inquiètent de l’obligation du prénom : depuis quelques années, les caisses sont particulièrement féroces avec les pharmaciens qui délivrent des médicaments lorsque la prescription n’est pas rédigée de manière parfaitement conforme à la réglementation. Dans ces cas, les caisses sont en effet en droit de « retaxer » le pharmacien, c’est-à-dire de refuser de le payer, en raison de la non-conformité de l’ordonnance. Parfois, une simple faute d’orthographe ou une virgule mal placée peut entraîner une « retaxation », et certains pharmaciens ont déjà payé très cher ce genre de sanctions. Or, bien que les organismes de médecins aient informé leurs membres de ces nouvelles dispositions, beaucoup continuent à ne pas les appliquer, en particulier lorsque l’ordonnance provient d’un service de garde ou d’un hôpital où la mention du prénom sur les timbres de médecins est encore plus rare qu’en libéral.
Par crainte de retaxations, certains pharmaciens ont déjà décidé de ne plus honorer les ordonnances sans prénom, ce qui oblige, selon la presse, les patients de certaines villes à faire le tour des officines avant d’en trouver une qui accepte de délivrer le médicament, même en l’absence du fameux prénom. Les organisations de pharmaciens invitent leurs membres à se montrer très vigilants, tant que la profession n’aura pas obtenu l’assurance écrite qu’il n’y aura pas de retaxations pour cause de prénom manquant. Plusieurs grandes caisses, afin de ne pas envenimer la situation, ont déjà annoncé qu’elles se montreraient coulantes, cet été, sur la question des prénoms, et ne sanctionneront pas les pharmaciens qui honoreront, comme par le passé, les ordonnances du Dr W. Muller ou A. Weber… Mais elles ont prévenu aussi que le délai de grâce ne pourra pas s’étendre au-delà de la prochaine rentrée.
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