Tampons, coupes menstruelles et risques infectieux

Prévenir le syndrome de choc toxique

Par
Publié le 27/06/2019
Article réservé aux abonnés
Le syndrome du choc toxique (CTS) lié à l’utilisation de tampons et de coupes menstruelles touche environ 100 femmes par an. La morbidité importante de cette maladie implique une éducation des patientes dès les premières règles.
tampon

tampon
Crédit photo : PHANIE

Les premiers cas de syndrome de choc toxique staphylococcique  remontent aux années 1980. Aux États-Unis, des études épidémiologiques réalisées auprès de 800 femmes permettent alors de faire le lien entre cette maladie et l’utilisation de tampons composés de polyacrylate.

« Cette maladie se déclare uniquement chez les femmes porteuses, au niveau du vagin, de la bactérie S. aureus productrice de la toxine du CTS (appelée TSST-1) », souligne le Pr Gérard Lina, microbiologiste aux Hospices Civils de Lyon. Les tampons composés de polyacrylate n’ont pas été commercialisés en France et ont été retirés du marché américain vers fin de l’année 1980. Néanmoins, chaque année, environ 100 patientes sont atteintes de CTS en France.

Ce syndrome se caractérise par une pseudo-virose, une fièvre élevée, une éruption érythémateuse, des céphalées, des vomissements et des diarrhées liés à l’activité pro-inflammatoire de la toxine TSST-1. « En l’absence de prise en charge, un choc survient (en quelques heures ou jours), accompagné de confusion et d’une atteinte multi-systémique pouvant mener au décès. La prise en charge du CTS nécessite le plus souvent une hospitalisation en réanimation de 3 à 5 jours. Il faut bien sûr retirer le tampon ou la coupe menstruelle en cause et mettre en place une antibiothérapie antistaphylococcique et anti-toxinique », note le Pr Lina.

Aujourd’hui, lorsque le diagnostic de CTS a été effectué, la mortalité de cette maladie est inférieure à 1 % (contre 30 % dans les années 1980).

Les étapes de l'intoxication

La survenue du CTS est liée au passage, à travers la paroi vaginale, de la toxine TSST-1 dans le sang. Cette dernière ayant pour propriété d’être un super-antigène. « Le passage dans le sang de TSST-1 engendre une activation massive des leucocytes avec la libération de cytokines pro-inflammatoires responsables des fluides capillaires, du choc, de la fièvre et aussi, de l’éruption cutanée », précise le Pr Lina.

En France, 4 % des femmes sont porteuses au niveau vaginal de
S. aureus productrice de TSST-1. « Heureusement, 90 % des femmes ont développé naturellement des anticorps protecteurs contre la toxine TSST-1. Et chez celles qui n’ont pas d’anticorps, il est rare qu’elles développent la maladie », affirme le Pr Lina.

La durée d'utilisation réduite

Pour produire cette toxine, la souche doit pouvoir se multiplier. C’est le cas lors d’utilisation de tampons, de coupes ou d’éponges menstruelles permettant la rétention du fluide vaginal. Coupes et tampons apportent de l’oxygène et du dioxyde de carbone dans le milieu vaginal, favorisant la croissance de S. aureus.

« Des études in vitro, ont montré qu’à partir de 6 ou 8 heures de port continu de coupes ou de tampons, le plateau de production maximale de la toxine TSST-1 est atteint. Il faut donc réduire leur durée d’utilisation continue (moins de 6 heures) », assure le PrLina. Les tampons actuels (contenant du coton ou de la cellulose) n’augmentent pas la multiplication de S. aureus et la production du TSST-1 comme cela a été le cas avec les tampons à base de polyacrylate. Mais ils ne protègent pas, pour autant, contre le CTS : S. aureus continue à se multiplier en présence des tampons actuels.

Quant aux coupes menstruelles, elles n’ont pas non plus d’effet inhibiteur sur la production de TSST-1. « Pour limiter le risque de CTS, il faut stériliser les coupes avant chaque utilisation. Une seule coupe ne suffit pas : une deuxième est nécessaire. Enfin, coupes et tampons ne doivent pas être utilisés durant le sommeil ; leur utilisation nécessite la lecture préalable de la notice (conseil de prévention du CTS) ainsi qu’une bonne hygiène des mains. Médecins traitants et gynécologues doivent informer les femmes des risques de CTS et des moyens de s’en prémunir », conclut le Dr Lina.

* D’après une présentation effectuée lors des 7es Assises Nationales de gynécologie, co-organisées par la Fédération nationale des Collèges de gynécologie médicale et la Société française de gynécologie.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3531