LA DÉCISION est donc tombée mardi. PSF-CI n’existe plus. Dans l’enceinte du tribunal de grande instance de Bordeaux, la procédure de redressement judiciaire de l’association humanitaire pharmaceutique a donc trouvé une issue. La plus douce des deux possibles. Car l’instance avait le choix de trancher entre la liquidation pure et simple de l’ONG, ou la reprise. PSF-CI est parvenue à éviter le pire, ce sera donc la reprise.
Comment la grande organisation internationale en est-elle arrivée là ? « La situation financière de PSF-CI se dégradait depuis plusieurs années, commente Ghislaine Soulier, responsable de la communication, mais ces derniers mois ont été encore plus durs ». La crise économique mondiale, qui touche l’ensemble des secteurs, n’a bien sûr pas épargné les ONG, et PSF-CI ne fait pas exception à la règle. Mais il y a d’autres raisons.
Un financement sur fonds propres.
« Les difficultés se sont aggravées notamment à cause du mode de financement des missions par nos bailleurs de fonds », explique-t-on chez PSF-CI. De fait, l’association, principalement financée par la Commission européenne et le Fonds mondial de lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose, devait, depuis quelques années, avancer 15 % des coûts de ses missions sur ses fonds propres. De plus, la libération des fonds promis par les bailleurs ne pouvait intervenir qu’après l’examen des rapports réalisés par PSF-CI une fois les missions achevées. Cette procédure, longue et compliquée, aboutissait le plus souvent à des retards de paiement, générateurs de trou dans la trésorerie de l’association. Surtout, témoigne l’ONG, qu’avec l’aggravation de la crise économique mondiale, ces retards étaient devenus de plus en plus longs et lourds de conséquences. Tant et si bien que, en janvier 2009, PSF-CI se voyait contrainte d’engager une procédure de sauvegarde.
Cessation de paiement.
Finalement, en mai 2009, le non-paiement des salaires de l’association et de plusieurs factures de fournisseurs marquait un nouveau virage dans le déclin de l’ONG pharmaceutique. Et le 28 juillet, la déclaration de cessation de paiement ouvrait officiellement la procédure de redressement judiciaire de PSF-CI. Dès lors, explique Ghislaine Soulier, l’administrateur judiciaire prenait la place du mandataire judiciaire avec pour mission de rechercher d’éventuels repreneurs pour la structure. Plusieurs candidats se sont alors signalés, ONG ou bureaux d’études, dont quelques-uns, tel ce cabinet hollandais, ont tenu un temps la corde. Mais le 23 octobre, au tribunal de grande instance de Bordeaux, un seul repreneur siégeait pour défendre sa candidature : ACTED. Membre de la Coordination SUD (Solidarité Urgence Développement), ACTED (Agence d’Aide à la Coopération Technique Et au Développement) est une ONG Française installée à Paris (voir encadré). « Son expertise ne concerne pas spécialement les missions sanitaires et pharmaceutiques, mais elle est la seule à avoir tenu valide jusqu’au bout de la procédure son offre de reprise », précise PSF-CI.
Reprise des missions mais pas des salariés.
Le repreneur a promis de poursuivre les deux missions de développement qui restent aujourd’hui engagées par PSF-CI, au Cambodge et au Pakistan. Il s’est également engagé à maintenir à leur poste les expatriés PSF ainsi que les acteurs locaux servant l’association dans les missions en cours. « Au total, sur les 80 salariés de PSF-CI (Ndlr, salariés du siège à Bordeaux et expatriés), 63 seront conservés, et peut-être plus », précise Frédéric Roussel, directeur du développement d’ACTED. L’objectif de l’ONG parisienne est de « progressivement relancer PSF-CI, avec dans l’idée d’avoir deux associations, une non médicale, ACTED, et l’autre médicale, PSF ». Ce que reprend réellement ACTED au cœur de l’humanitaire pharmaceutique ? « Ni l’actif, ni le passif de l’association, nous reprenons du staff, des missions, des financements, le nom, le savoir-faire et une partie de la mouvance associative », répond Frédéric Roussel. « Nous voulons les aider à survivre, voire à se développer », résume enfin le repreneur. Un espoir pour PSF-CI ? À suivre.
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