INSCRIRE la médication officinale dans un véritable parcours de soins : telle est l’ambition de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pour cela, des prises en charge par les organismes complémentaires des spécialités dispensées avec le conseil du pharmacien doivent être mises en place, explique son président, Gilles Bonnefond. « Un médicament remboursable prescrit est remboursé, tandis que le même médicament ne l’est pas s’il est conseillé par un pharmacien. Il faudra changer cela », souligne-t-il. En effet, il lui paraît illogique d’obliger une personne à obtenir un rendez-vous chez le médecin ou à se rendre aux urgences pour pouvoir bénéficier d’une prise en charge. « N’y a-t-il pas là une énorme inégalité d’accès aux soins ? », demande le président de l’USPO. Et certainement une manne d’économies pour l’assurance-maladie. Lors d’un débat organisé par le G5 santé, les industriels estimaient que le développement de l’automédication (c’est-à-dire des produits de prescription médicale facultative) dans le cadre d’un parcours de soins, avec un rôle renforcé pour le pharmacien d’officine, permettrait d’économiser 1,7 milliard d’euros (« le Quotidien » du 14 novembre). L’AFIPA (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable) ne dit pas autre chose (voir notre article ci-contre).
Des prises en charge à développer.
Certes, des initiatives ont déjà été entreprises, mais elles sont souvent restées limitées. La situation pourrait toutefois évoluer. Car, aujourd’hui, les organismes complémentaires semblent prêts à développer les expériences de prises en charge des produits de médication officinale avec les pharmaciens. La souscription à une mutuelle « est de plus en plus attachée à la proposition de services complémentaires, notamment dans les contrats collectifs », affirme ainsi François Tripodi, directeur général de Carte Blanche Partenaires, une plate-forme de prestations pour les mutuelles. Selon lui, non seulement les services deviennent essentiels pour les assurés, mais cela représente aussi une réalité économique et commerciale pour les assureurs. « Nous avons déjà créé des forfaits annuels de prise en charge dans la limite duquel les assurés peuvent se faire rembourser certains produits de leur choix, comme la pilule », explique François Tripodi.
Le directeur général de Carte Blanche Partenaires envisage d’élargir l’offre. Comment ? Par l’automatisation du remboursement à l’aide d’une carte à puce. Mais, pour l’heure, il est confronté à deux obstacles majeurs : la moitié des logiciels informatiques présents dans les officines ne sont pas adaptés et le coût de ce type de carte reste élevé. Le déploiement à grande échelle de ce service n’a donc pas encore pu être effectué. En attendant, Carte Blanche Partenaires envisage de commencer par la prise en charge de spécialités non remboursables mais prescrites par un médecin. Ensuite, « on pourra se passer de la prescription médicale et engager une relation avec le pharmacien », indique François Tripodi, qui l’assure : « notre cible est la prise en charge de la médication officinale. Mais il faut des étapes. »
Un rôle dans la détection de maladie.
Au-delà du remboursement de spécialités conseillées par le pharmacien, les organismes complémentaires engagent également d’autres types de rapprochements avec les officinaux. La Mutualité française, en partenariat avec les syndicats d’officinaux*, projette ainsi de lancer une expérimentation de détection de la BPCO en officine. « Nous finalisons les préparatifs de cette expérimentation qui devrait commencer le 1er mars 2014 », précise Laure Lechertier, responsable du département du médicament à la Mutualité française. Dix mutuelles représentant 100 000 adhérents et 200 pharmacies des départements du Nord-Pas-de-Calais, de Bretagne et de Rhône-Alpes sont concernées par cette opération de détection. « Le rôle du pharmacien sera bien précis, explique Laure Lechertier. Il s’agira pour lui de repérer un risque chez des adhérents ou ayants droit des mutuelles volontaires âgés de 40 à 70 ans et, le cas échéant, de les orienter vers leur médecin traitant. »
En pratique, les officinaux des territoires concernés recevront un courrier les invitant à participer à l’expérimentation. Les pharmaciens retenus suivront une formation par e-learning. À noter également que la détection, réalisée à l’aide d’un spiromètre, sera obligatoirement effectuée sur rendez-vous et dans un espace de confidentialité. L’officinal renseignera ensuite une fiche sur un site Internet dédié. Point important : cet acte de détection sera rémunéré. « Un dispositif d’indemnisation forfaitaire du pharmacien pour le temps passé est prévu », indique Laure Lechertier. Le montant semble encore être en cours de discussion. Mais il s’agira « d’une rémunération expérimentale, qui permettra ensuite de déterminer le juste prix de ce service », indique Laure Lechertier. Là encore, les pouvoirs publics pourraient s’y retrouver. En France, 3,5 millions de personnes souffrent de BPCO, deux tiers des patients ignorent qu’ils en sont atteints (par défaut de mesure de leur souffle) et un malade sur deux connu n’est pas traité de façon optimale. Au total, la BPCO est responsable de 100 000 hospitalisations annuelles et le coût lié à cette maladie est estimé à environ 3,5 milliards d’euros par an. Les partenariats pharmaciens-complémentaires santé sont, sans nul doute, un ticket gagnant pour la Sécu.
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