Le président s'arqueboute sur une logique implacable : il a été élu, il a une majorité, il applique le programme qui lui a permis d'accéder à la présidence de la République. Ce n'est pas de l'entêtement, ni une prise de risque. Le seul moyen de changer le pays, c'est d'aller plus vite que la contestation, de lui administrer si répétitivement sa purge qu'elle en reste dépassée, qu'elle en est à condamner l'acte précédent alors que le suivant est engagé. Cette politique de force, inlassablement conduite avec le sourire, et scrupuleusement conforme aux règles parlementaires, quel chantier ! Mais aussi quelle tâche accablante pour les diverses oppositions aux arguments nécessairement contradictoires ! Le chef de l'Etat est téméraire. Il est lancé dans une course de vitesse vertigineuse, dans un jeu dont la mise est plus élevée, peut-être, que le rapport.
Comment ne pas reconnaître, simultanément, que certaines mesures sont choquantes et injustes ? Le traitement infligé aux collectivités locales, la suppression progressive de la taxe d'habitation, la quasi-suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) ? Mais ça, c'était l'ancien monde, la pensée moraliste qui a tant usé nos énergies, le dogme périmé, la doctrine épuisée. On a d'excellentes raisons de s'inquiéter de quelques décisions, mais la logique économique et financière est bien plus complexe que ce l'on en dit. La taxe d'habitation a été pendant des décennies l'impôt le plus vilipendé, voilà que sa suppression provoque une crise de nerfs nationale.
Autre exemple : l'ISF. Une provocation : on allège les impôts des riches et on augmente la CSG pour les retraités. Les réactions des opposants sont cependant si prévisibles qu'on a tôt fait de décler l'hypocrisie du système que M. Macron veut démanteler. Eric Woerth juge « insuffisante » la réforme contenue dans le projet de budget. Il y a de quoi éclater de rire : ministre de Sarkozy, M. Woerth a eu tout le loisir de procéder à la suppression complète de cet impôt et, s'il ne l'a pas fait, c'est qu'il n'en a eu ni l'autorisation de son patron, ni le courage.
Justice sociale et chômage de masse
A gauche, on nous dit l'inverse : cette suppression est un cadeau somptueux offert aux personnes qui en ont le moins besoin. Tout le monde a oublié que l'ISF n'existait plus qu'en France, qu'il a fait fuir des riches avec leurs milliards et que, en bonne logique, si on a accumulé une fortune après avoir payé tous ses impôts, on ne devrait pas en payer encore sur le capital, mais seulement sur le revenu de ce capital. Qu'importe ? La question est-elle humanitaire, philosophique, transcendantale ? Le gouvernement a seulement pris une décision susceptible de limiter ou d'arrêter la fuite à l'étranger des capitaux. On ne crée pas des emplois en ponctionnant les riches, mais on en crée en leur offrant la possibilité d'investir. D'ailleurs, si osée que soit la technique macronienne, soyez assuré que, dans d'autres circonstances, avec un autre majorité, on n'aurait pas seulement bousculé des traditions, on aurait ruiné le pays en poursuivant les chimères de naguère, justice sociale et chômage de masse confondus.
Il nous fallu trente ans pour commencer, à peine et pas dans tous les milieux, à comprendre que les recettes d'autrefois nous appauvrissaient, que plus nous augmentions les impôts, moins l'éducation, la justice, les hôpitaux, les armées avaient les moyens de leurs missions. Le vecteur de l'égalité n'est pas la morale, celle qui a fini pour nous coûter très cher, c'est le mécanisme qui crée l'emploi marchand. Comme l'a dit le porte-parole du gouvernement, on ne peut pas dépenser de l'argent qu'on n'a pas gagné. Le clash entre le gouvernement et les régions, dont le fonds va être amputé, est un dernier exemple de la crise entre les pouvoirs que M. Macron a délibérément déclenchée et qu'il pousse à un paroxysme périlleux.
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