ON SE GARDERA bien, en observant le déluge de critiques émises non seulement par la gauche, mais aussi par les villepinistes, les catholiques et même l’UMP, d’en approuver tous les termes. Dominique de Villepin est le moins crédible qui, dans son cynisme lyrique, parle d’« une tache sur le drapeau de la France », comme si, par le passé, il avait consacré sa vie à la défense des Roms. On lui adressera le reproche qu’il a fait au président de la République au sujet de son acharnement judiciaire lors du procès Clearstream : visiblement aveuglé par son anti-sarkozysme, il est prêt à épouser n’importe quelle cause pour recueillir des votes.
Les critiques de l’Église.
On aimerait aussi que l’opposition, subjuguée par le miracle répété des erreurs de M. Sarkozy, se livre à une réflexion sur la sécurité et nous explique comment elle gérerait des milliers de Roms qui vivent en France dans la misère, pendant que les gouvernements roumain et bulgare nous prodiguent des cours de droits de l’homme alors qu’ils sont incapables de fixer sur leurs territoires ces damnés de la terre. On prendra plus au sérieux les critiques sévères de la presse étrangère et le rappel à l’ordre lancé par le Vatican, encore que parmi ceux qui s’en félicitent, on compte aussi des défenseurs acharnés de la séparation de l’Église et de l’État. Ce qui donne la mesure des leçons de morale, surtout quand un prêtre, qui renvoie sa décoration à l’Élysée, nous propose un éblouissant exemple de charité chrétienne en souhaitant un arrêt cardiaque au président. De même, on n’a jamais entendu autant d’athées louer le Vatican. Infiniment plus sincères sont les millions d’anonymes catholiques choqués par des mesures qui ne respectent pas la dignité des Roms.
On n’en est pas à une contradiction près quand il s’agit de démolir M. Sarkozy. La part d’hypocrisie dans ce torrent d’imprécations est immense. Heureusement, quelques voix de gauche ont rappelé que l’opposition tarde à nous proposer une politique sécuritaire et d’immigration. Il nous faudrait quelque chose de plus convaincant qu’un angélisme dont la France n’a pas les moyens: il ne suffit pas que Martine Aubry s’écrie : « C’est une honte ! »
Toutes ces réserves étant exprimées, on n’en contestera pas moins le désastreux bilan d’un été au cours duquel le président entendait gagner quelques points de popularité à la faveur de la grosse colère que lui a inspirée le comportement inadmissible de quelques Roms. Il lui suffisait de dénoncer ceux d’entre eux qui bafouent la loi. Il a cru bon de généraliser son jugement à une communauté tout entière et n’a pas craint, sans doute pour complaire aux xénophobes, aux racistes et aux intolérants de toute sorte, de désigner un groupe dont l’existence est déjà précaire. Il est inutile d’écrire ou de prononcer des phrases ronflantes sur les libertés, les droits de l’homme, la présomption d’innocence ; il suffit de rappeler qu’aucun groupe au monde ne doit être jugé à l’aune de quelques délinquants ou criminels. Désigner une communauté à l’ire populaire, c’est jouer avec le feu, c’est bafouer des droits, c’est insérer la société française dans un engrenage qui risque de la broyer. Cela correspond au point de vue de Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, qui dénonce la « dérive droitière » de l’UMP, d’humanistes comme le député-maire de Versailles, Étienne Pinte, ou même de François Fillon qui refuse « l’instrumentalisation » de l’affaire des Roms. De son côté, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Pierre Lellouche, a remis les choses à l’endroit en montrant que les Roms sont un problème non seulement pour la France, mais aussi pour la Roumanie et la Bulgarie et pour la Commission européenne.
Mauvaises idées.
Parmi les Roms, beaucoup sont français. Cela devrait suffire pour les rendre inexpulsables, mais voilà que, jamais à court de mauvaises idées, d’aucuns pensent à les déposséder de leur nationalité, à récrire le premier article de la Constitution, qui nous déclare tous égaux en droits sans distinction d’origine ou de race. Le président de la République ne saurait approuver et encore moins proposer une telle idée ; il est le gardien de la Constitution, il est le protecteur de nos libertés, celles des Roms et des immigrés compris. En outre, une naturalisation ne peut qu’être irréversible. On n’ajoute pas à la précarité de l’immigrant enfin naturalisé une incertitude sur le passeport qu’il vient d’acquérir, c’est la parole de la France qui serait en cause.
Comme la liberté d’expression existe, on a, bien sûr, accusé impunément le chef de l’État de racisme. Il n’en est rien. Il espère seulement obtenir les suffrages des racistes. Son calcul aura été catastrophique, parce que, pour gagner des voix marginales, il en a perdu beaucoup chez ses électeurs traditionnels; et parce que, à la critique que fait la gauche de sa politique s’ajoutent maintenant celle de son propre camp, celle des catholiques et celle des pays étrangers. Rien n’y fait : chaque fois qu’il invente un nouveau stratagème, il lui revient à la figure. Il est temps pour lui d’essayer des méthodes plus simples et plus saines.
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