LES ÉLUS UMP s’affolent parce qu’ils ressentent le besoin d’être mis en ordre de bataille par un stratège qui les conduirait à la victoire. Mais rien n’oblige M. Sarkozy à à céder à l’ardent désir des députés de son camp. Il bénéficie, et c’est bien ce que lui reprochent les socialistes, d’un avantage sur François Hollande et les autres candidats, parce qu’il fait campagne sans le dire. Il se présente comme le chef d’État qui n’a pas le droit d’abandonner prématurément ses concitoyens et doit continuer à les servir, alors que, en réalité, les actes politiques qu’il accomplit tous les jours en tant que président sont destinés à renforcer la stature du candidat. L’entretien qu’il a accordé samedi au « Figaro magazine » n’est pas celui du président ; il décrit le programme du second mandat : poursuite de l’exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim que d’autres avait enterrée un peu tôt, référendum sur les obligations des demandeurs d’emplois, réforme du droit des étrangers, tous projets qui, plus que les billevisées de Claude Guéant sur les civilisations, ancrent à droite M. Sarkozy et augmentent l’effort de séduction en direction de l’électorat de Marine Le Pen. Il s’agit moins, désormais, des les convaincre de se rallier à lui au premier tour, mais de reporter leurs suffrages sur lui au second.
Comme l’ont fait Benoît Hamon et Pierre Moscovici, l’opposition s’insurge contre l’ambiguité, parfaitement hypocrite, du président sortant : tant qu’il n’est pas candidat, il n’est pas obligé de puiser dans les fonds de sa campagne pour ses déplacements en province et pour d’éventuels rassemblements. Cependant, aucune institution ne peut ignorer que, jusqu’au second tour, le président, c’est lui. Et quand le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives) donne son dîner annuel, il invite le président, ainsi que le chef de l’opposition, lequel n’avait pas d’autre choix que de faire bonne figure et de saluer le chef de l’État. Il y a des limites républicaines au ressentiment, à l’aversion, à l’hostilité et M. Hollande, fort heureusement, n’a cédé à aucune de ces impulsions affectives. La leçon, c’est que, en ramenant la durée du mandat de sept à cinq ans, les Français ont accéléré le temps politique d’une façon presque vertigineuse : quand un président agit, on ne sait plus si c’est pour l’intérêt général ou si c’est pour préparer sa réélection. 2007, c’était hier. Tant d’événements spectaculaires se sont produits depuis, et pourtant l’électorat est presque surpris de retourner si tôt aux urnes.
Cap à droite.
Il nous semble que François Hollande a très compris les conséquences de la brièveté du mandat. Il s’apprête à légiférer à tour de bras dans les cent premiers jours de son mandat, si le peuple le lui accorde. Il a raison : les réformes, de quelque nature qu’elles soient, sont mieux acceptées dans le cadre d’un changement brutal qui anesthésie les régiments du mécontentement français, que si elles traînent en longueur, permettant de la sorte de donner à la grogne le temps de rassembler ses nombreuses troupes. Certes, ce ne sont pas les syndicats ni les enseignants qui freineraient le zèle d’un gouvernement de gauche. Mais la vérité des cent premiers jours est valable pour tous. Aussi bien si, par un miraculeux hasard, M. Sarkozy renaissait de ses cendres et triomphait, il vaudrait mieux qu’il renonçât à cette « droitisation » do,nt il a fourni les éléments les plus forts dans « le Figaro magazine » ; elle risque d’inciter à la révolte des gens de gauche privés d’une victoire qu’ils considèrent aujourd’hui comme acquise.
En tout cas, le prochain chef de l’État devra écouter ce qu’a énoncé la Cour des comptes, présidée par le socialiste Didier Migaud : les économies et les hausses d’impôts mises en œuvre par M. Sarkozy ou celles que prévoit M. Hollande ne suffiront pas à résorber les déficits publics dans les temps que se sont donnés les deux candidats. La Cour demande qu’il soit mis un terme à des niches fiscales qui ne profitent qu’aux très riches, mais, en même temps, elle estime que la dépense publique, trop élevée, doit être rabotée. L’avertissement qu’elle lance est valable pour tous. En 2011, nous avons eu un déficit public de 100 milliards. C’est tout simple : il y a 100 milliards à trouver en cinq ans et on ne les trouvera pas si on carbure à l’idéologie (ici, dézinguer les chômeurs, là donner au plus grand nombre), au « réenchantement du rêve français » et à une générosité qui, pour apaiser telle ou telle corporation, nous plongerait dans les abysses.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion