Le 11 mars, la Corée du Sud totalisait 7 755 cas confirmés, ce qui fait d'elle le quatrième pays le plus touché au monde. Mais le nombre de nouveaux cas s'est considérablement réduit, et seulement 60 personnes sont mortes. Comment Séoul a géré l'épidémie ? Contrairement à la Chine, qui a choisi de cloîtrer une partie de sa population, Séoul a adopté une stratégie mêlant information du public, participation de la population et une campagne massive de dépistage. Les proches de toutes les personnes contaminées sont ainsi recherchées de façon systématique, avant de se voir proposer un test de dépistage. Les déplacements des malades avant qu'ils ne soient testés positifs sont reconstitués au travers des images de vidéosurveillance, de l'utilisation de leur carte bancaire ou du bornage de leur smartphone, puis rendus publics. Des SMS sont même envoyés aux habitants quand un nouveau cas est détecté près de chez eux ou de leur travail.
10 000 dépistages par jour
Cette stratégie a suscité des interrogations évidentes quant à la protection de la vie privée. Mais elle en a aussi poussé certains à se faire tester. La Corée du Sud a réalisé davantage de dépistages qu'aucun autre pays, à un rythme d'environ 10 000 par jour, ce qui a permis de s'attaquer très tôt aux nouveaux foyers d'infection.
La semaine dernière, le nombre total de tests effectués s'élevait à 220 000. Le pays compte 500 cliniques habilitées pour les réaliser, dont une quarantaine de cliniques ambulantes, afin de minimiser les contacts entre malades potentiels et personnels de santé. La Corée du Sud a en fait appris de ses propres erreurs, et notamment de la carence de tests disponibles lors de la crise en 2015 du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers). Alors elle a accéléré les procédures de mise sur le marché des tests, et quelques semaines après l'apparition du coronavirus en Chine, Séoul donnait son feu vert à la mise à disposition des cliniques d'un tout nouveau test diagnostiquant le COVID-19 en six heures.
Comment la population a-t-elle réagi ? Les autorités ont lancé une campagne de « prise de distances sociales » en exhortant les habitants à rester chez eux, à éviter les rassemblements et à minimiser les contacts. Conséquence : des quartiers d'ordinaires bondés se sont vidés, tandis que les magasins et les restaurants peinaient à attirer les clients. Quantité d'événements sportifs ou culturels ont été annulés et le port du masque s'est généralisé, comme le préconisait le gouvernement, qui a pu compter sur une population particulièrement respectueuse des consignes.
Pourquoi la létalité est-elle si basse ?
Il est impossible de calculer aujourd'hui précisément le taux de létalité du COVID-19 qui ne pourra être affiné qu'après l'épidémie. L'observation des chiffres transmis par les gouvernements donne cependant le sentiment d'une mortalité beaucoup plus faible en Corée du Sud qu'ailleurs. Divers facteurs expliquent cette impression. La campagne de dépistage a permis une prise en charge précoce des malades. Son ampleur fait qu'il y a beaucoup plus de chances de repérer les malades ne présentant pas ou très peu de symptômes et qui ne seraient pas testés dans les autres pays. Repérer davantage de malades réduit mathématiquement la proportion de décès.
En outre, la population infectée au Sud a un profil unique, puisque la plupart des personnes contaminées sont des femmes, et près de la moitié ont moins de 40 ans. Les autorités l'expliquent par le fait que plus de 60 % des cas de contamination sont liés à l'Église Shincheonji-de-Jésus, une organisation religieuse souvent accusée d'être une secte. La plupart de ses membres sont des femmes, pour beaucoup âgées d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années. Or on sait que le taux de létalité du coronavirus augmente avec l'âge et les plus de 80 ans – et en particulier les hommes — sont les plus à risque.
Alors, la Corée du Sud est-elle un exemple à suivre ? « Les tests sont une mesure initiale cruciale pour contrôler un virus, estime Masahiro Kami, de l'Institut pour la recherche sur les politiques médicales, basé à Tokyo. C'est donc un bon modèle, pour tous les pays. » La Corée du Sud a « agi vite et bien, abonde Marylouise McLaws, de l'université de Nouvelle-Galles du Sud. C'est très dur pour les autorités de se résoudre à des mesures aussi fortes. Ce qui fait que c'est souvent fait de façon tardive ».
Avec l'AFP
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