Le président de la République entendait tirer le meilleur parti de ce rendez-vous télévisé, il en est resté pour ses frais. Ce qui pose d’ailleurs la question de l’utilité de ces programmes politiques qui ne peuvent être bons que si l’invité a vraiment quelque chose à dire.
Certes, le président de la République n’est pas resté muet, qui a annoncé qu’il n’y aurait pas de loi sur le voile à l’université, contrairement à ce qu’affirmait il y a peu son Premier ministre, qu’il avait un contrat de loyauté avec Emmanuel Macron, bien que le ministre de l’Économie semble décidé à jouer un jeu personnel et, surtout, qu’il annoncerait à la fin de l’année sa décision d’être candidat ou non.
C’était le point le plus fort de l’émission parce que cela signifie que M. Hollande attendra de savoir qui est le vainqueur de la primaire de la droite et qu’il veut ignorer totalement la primaire de la gauche, laquelle devrait en principe avoir lieu au début de décembre et qui semble devoir se faire sans lui. Ainsi l’annonce de sa décision chamboulera-t-elle la stratégie de la gauche.
Si affaibli que soit le président, il est en mesure de balayer d’un mot tout ce qu’aura fait le parti socialiste avant qu’il ne décide s’il sera présent ou absent de la campagne électorale. Tous ceux qui ont milité jusqu’à présent pour une primaire transparente à gauche viennent d’apprendre que ce qu’ils feront sera ridiculisé ou écarté d’une chiquenaude par François Hollande.
Le jeu de l’opposition
L’autre enseignement de l’émission, c’est la certitude qu’il n’y aura pas de réforme essentielle pendant le reste du mandat de M. Hollande. Le chef de l’État insiste sur toute une série de mesures destinées aux étudiants, aux jeunes, aux quartiers difficiles, bref à son électorat de 2012, celui qu’il a perdu en partie.
Mais une fois que la loi El Khomri sera vidée de son contenu initial, il n’y aura aucune raison pour que les créations d’emplois s’accélèrent. C’est même consternant : le taux de chômage est présenté comme le facteur unique d’une décision politique essentielle et le pouvoir se contente désormais d’attendre une croissance hypothétique, sans chercher à se servir davantage des leviers de production.
Les regards se tournent donc vers l’opposition dont le devoir est de présenter un programme capable de sortir le pays de l’ornière profonde où il est enfoncé. Le dispositif le plus souhaitable est celui qui fera sauter tous les verrous de l’économie, à commencer par une série de mesures favorables à l’entreprise, seule capable de créer des emplois, et de diminuer la dépense publique pour réduire les impôts et relancer la consommation.
François Fillon est celui qui a présenté le programme le plus réformiste. On peut même considérer que les décisions qu’il veut prendre très vite après son élection sont, pour la France, d’une nature révolutionnaire. Toute la question est de savoir si l’opinion acceptera des mesures draconiennes. La tentative de la loi El Khomri, mise en échec par les syndicats et surtout par la révolte de la jeunesse, montre que les réformes semblent fort bien inspirées sur le papier mais que, si elles sont nécessaires, encore faut-il que l’exécutif ait la crédibilité indispensable pour les lancer.
Alain Juppé, pour sa part, a fort bien perçu ce danger. Il se souvient que, en 1995, son programme de nouveau Premier ministre a été applaudi par l’Assemblée nationale, mais que, quelques semaines plus tard, une grève nationale l’a contraint à édulcorer les dispositions annoncées. S’il avait réussi à l’époque, nous ne serions pas, aujourd’hui, à la traîne de l’Europe.
Nous aurions une économie suffisamment compétitive. Nous aurions un budget équlibré, un taux de chômage plus bas, une dette moins élevée. Mais si le pouvoir n’avait pas reculé en 1995, sous quel régime serions-nous placés aujourd’hui ?
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion