Personne ne sait vraiment comment on va économiser 15 milliards de dépense publique en 2014 et encore 50 milliards pendant le reste du quinquennat. Personne ne sait comment il sera possible d’équilibrer l’assurance chômage, sinon en pénalisant ceux qui souffrent le plus du manque d’activité. Le gouvernement est-il en mesure d’imposer aux syndicats une diminution du montant et de la durée des indemnités alors que les chômeurs mettent parfois un à trois ans pour retrouver du travail, s’ils en retrouvent ? La piste chômage nous semble impraticable.
François Hollande propose un redécoupage des régions pour en diminuer le nombre, donc le mille-feuille administratif. Théoriquement, il a raison, comme tous ceux qui ont suggéré cette réforme avant lui. Mais il n’avait pas terminé sa très (trop) longue conférence de presse, qu’il soulevait, à droite comme à gauche, les réticences, pour ne pas dire l’hostilité, des baronies locales. Beaucoup d’élus refusent de disparaître à la faveur d’une fusion de deux régions, y compris lorsqu’elle semble logique, comme la création d’une Normandie unique. D’autres, qui gèrent un riche département, par exemple les Hauts-de-Seine, bastion de la droite, ne veulent pas entendre parler d’un regroupement des départements de la petite couronne avec la capitale (qui aurait pourtant l’avantage de répartir les ressources entre collectivités fortunées et collectivités pauvres).
À l’instinct de conservation des élus s’ajoute le chauvinisme local, par exemple celui des Auvergnats qui ne veulent pas être regroupés dans une vaste région du Rhône. Ce sont les mêmes qui, lorsque furent changées les plaques d’immatriculation ont exigé et obtenu que la mention du département fût indiquée quand même. Si les Français en sont là, la suppression du département n’est pas pour demain.
La réforme commence par faire mal.
Le déficit budgétaire pour 2013 a atteint, on vient de l’apprendre, quelque 75 milliards. C’est mieux que l’année précédente, mais cela signifie que cette somme a été, est ou sera empruntée sur les marchés. Lors d’un débat sur Arte, j’ai entendu le socialiste Gérard Filoche jeudi dernier, grand avocat des pauvres et socialiste très à gauche, se demander pourquoi il fallait équilibrer le budget dès lors que, plus on coupe dans les dépenses et plus le déficit augmente. S’il est économiste, il n’est pas bon arithméticien. Lorsque le déficit tombe à quatre pour cent, cela signifie que l’on doit chercher 80 milliards d’euros ailleurs. Quatre-vingt milliards, c’est mieux que 100 ou 120, mais c’est encore énormément d’argent.
S’il ne peut pas s’en prendre aux chômeurs, M. Hollande tentera de réduire le déficit de l’assurance maladie et des retraites. Ce qui montre que la réforme des retraites est bel et bien inachevée et qu’elle ne va pas au cœur des défaillances du sytème. Faut-il désespérer ? Non. Chef de la gauche, le président a les moyens institutionnels d’imposer à son camp des mesures sévères, sans lesquelles le pays ne sera pas sauvé. Il trouvera à droite quelques appuis d’élus sincères qui reconnaissent aujourd’hui qu’il fera ce qu’ils ont déjà proposé. Le danger est moins politique que financier ou technique : la réduction de la dépense publique est une mesure d’austérité qui a un impact sur le niveau de vie. Elle doit être compensée par la croissance. Pour s’assurer que les sacrifices auxquels il consent désormais seront efficaces, M. Hollande demande des garanties, c’est-à-dire des embauches, au patronat. Il y a un risque de malentenu : une société ne recrute que quand elle a des commandes et de bonnes perspectives. Le processus est lent. Avant de produire des résultats, il fait mal.
François Hollande a ouvert des chantiers multiples et dangereux.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion