C’EST ALORS qu’il se formait dans le laboratoire de Johann Wolfgang Döbereiner (1780-1849) que Ferdinand Friedlieb Runge (1795-1867) présenta ses travaux à l’un de ses compatriotes les plus illustres : Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), dont l’œuvre littéraire et artistique ne devrait pas faire oublier qu’il fut un scientifique renommé - et également un homme politique -. Goethe, admiratif de Döbreiner, lui avait proposé de rencontrer son élève qui lui expliqua ses travaux sur la belladone et lui montra comment son suc dilatait les pupilles d’un chat. Favorablement impressionné par le sérieux du jeune homme, le dramaturge lui confia un paquet de précieuses graines de moka que lui avait offert un ami grec et l’encouragea à travailler sur celles-ci. Quelques mois plus tard, en 1819, Runge en isola un alcaloïde qu’il nomma « Kaffebase ».
D’une façon indépendante, ce même alcaloïde fut extrait en 1821 en France par Pierre-Jean Robiquet (1780-1840) mais aussi par Pierre-Joseph Pelletier (1788-1842) et Joseph-Bienaimé Caventou (1795-1877), sans qu’ils aient jamais entendu parler de la découverte de Runge. Jacob Berzelius affirma dans son journal qu’il était légitime d’attribuer la découverte de l’alcaloïde à Runge et non aux Français et notamment à Robiquet - comme cela s’avéra trop souvent être le cas car ce dernier l’avait proclamée auprès de la Société de chimie de Paris -. Pelletier fut le premier à nommer la substance du nom féminin de « caféine » et à en réaliser l’analyse élémentaire ; Robiquet fut le premier à en décrire les propriétés chimiques.
La structure de l’alcaloïde fut établie par Hermann Emil Fischer (1852-1919) à Berlin en 1882 ; il parvint dès 1895 à le synthétiser : cela lui valut pour partie le Prix Nobel de chimie en 1902. La caféine gagna un temps ses lettres de noblesse en médecine : en effet, jusqu’à l’introduction des thiazidiques, elle resta fréquemment prescrite comme diurétique.
Un peu plus tard, en 1827, un certain Oudry isola une « théine » du thé : le chimiste hollandais Gerardus Johannes Mulder (1802-1880) montra dès 1838 qu’elle n’était autre que la caféine elle-même.
Cousines xanthiques.
La théobromine, isolée des graines du cacaoyer (Theobroma cacao) en 1841 par le chimiste russe Alexander Voskresenski (1809-1880), fut d’abord nommée xanthéose. Synthétisée en 1882 par Fischer, elle ne fut guère utilisée en thérapeutique.
Enfin, le théier (Camellia sinensis) offrit la théophylline, un isomère de la théobromine, qui fut isolée en 1888 par le physiologiste allemand Albrecht Kossel (1853-1927, Prix Nobel 1910). Sa structure fut élucidée en 1895. Sa synthèse, réalisée la même année, facilita son étude car sa teneur est très faible dans la plante. En 1902, le médecin allemand Oskar Minkowski (1858-1931), l’un des pionniers de la diabétologie, montra qu’elle constituait un diurétique trois fois plus puissant que la caféine. Un ouvrage de référence sur le traitement de l’asthme publié en 1860 par le médecin anglais Henry Salter, faisant du café noir un traitement du spasme bronchique, suscita des travaux sur la théophylline, qui connu des années de gloire dans le traitement de l’asthme.
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