Les 350 journalistes présents ont grandement aidé M. Hollande à poursuivre son long soliloque en s’abstenant de lui poser des questions vraiment intéressantes. Ils semblaient n’avoir d’intérêt que pour le retour de Nicolas Sarkozy en politique et pour la candidature du chef de l’État en 2017. Bien entendu, le président n’a rien à dire sur les candidats de la droite et encore moins sur son propre avenir, affreusement bouché et qui ne pourra s’éclaircir que si « cette ligne que j’ai tracée (...) nous permettra, j’espère, d’avoir des résultats en 2017 ». C’est donc un président sceptique auquel nous avons affaire désormais, qui semble s’étonner de ce que ses efforts, nombreux et puissants, ne produisent ni croissance ni emploi. Pas un de ses interlocuteurs, pourtant avides de prendre la parole, ne lui a demandé pourquoi il ne se rallie pas sans réserves à la politique de l’offre, pourquoi il n’accentue pas la baisse du coût du travail, pourquoi il diminue les impôts après les avoir augmentés, pourquoi il ne fait pas de la TVA l’instrument efficace qu’elle peut être, pourquoi il ne renonce pas aux 35 heures, avec quoi il va payer la suppression de la première tranche du barème (il diminuera la dépense publique d’autant, mais il ne l’a pas encore mise en œuvre), comment il est possible que, confronté à des perspectives de très faible croissance pour les trois ans à venir, il ne prend pas des décisions drastiques et pragmatiques.
Il a renoncé à augmenter la TVA, ce qui ne correspond pas à la meilleure inspiration, et il clive la société française en deux camps : ceux qui paient l’impôt et ceux qui ne le paient pas, alors que la dignité des pauvres serait mieux assurée si chacun payait, ne fût-ce qu’une obole. On n’a entendu aucune question sur un bilan particulièrement lourd : incapacité du pays à réduire ses déficits budgétaires, ce qui nous conduit à aller quémander honteusement à Bruxelles et à Berlin un enième délai pour le retour de nos comptes à l’équilibre ; une croissance nulle, un chômage de masse et structurel, un commerce extérieur dont le déficit est de 60 milliards quand l’excédent allemand est de 150 milliards. C’est lui même qui énonce ces chiffres comme si on attendait du président qu’il commente la crise dont il est forcément responsable après plus de deux ans et demi de mandat, et des journalistes qu’ils se contentent de lui présenter un miroir où il contemple l’image d’un homme meurtri par son échec.
Bonne volonté.
Il est vrai qu’on n’a pas envie de le charger de tous les péchés dès lors que, pour des raisons diverses, il est attaqué de toutes parts. Il n’y a pas eu, pendant cette si longue cérémonie, de discussion réelle sur le danger que représente le Front national, même pas la menace qu’il fait peser sur la gauche au premier tour de la prochaine présidentielle. D’une certaine manière, M. Hollande nous a dit qu’il avait fait à peu près tout (et son contraire) pour combattre la crise et nous a demandé de l’aimer un peu pour sa bonne volonté. Non, nous dit-il, je ne pense pas à mon second mandat, je suis assez absorbé par les difficultés du premier. Nous, nous avons surtout l’impression qu’il est littéralement carbonisé, qu’il n’a pas une chance pour 2017, sauf si un miracle se produisait. Dès lors qu’il nous assure qu’il ne manque pas de courage, il doit le consacrer à des réformes profondes, quitte à être crucifié par l’opinion. Il ne peut pas tomber plus bas.
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