FAUDRAIT-IL en conclure qu’il ne va pas rester longtemps à son poste ? C’est un cap que les journalistes franchissent un peu vite. Il est vrai qu’ils pensent à long terme et envisagent un changement de Premier ministre après les municipales de 2014. Ce qui donne quand même à M. Ayrault un an et demi pour se refaire une santé politique. Il suffirait que la gauche gagne les municipales pour que le chef de l’État se demande pourquoi il devrait se séparer M. Ayrault. Certes il ne l’a pas aidé l’autre jour quand il a rappelé que François Fillon est resté à la tête du gouvernement pendant les cinq années du mandat de Nicolas Sarkozy. « On sait comment cela a fini », a déclaré M. Hollande en souriant. De quoi donner des sueurs froides à M. Ayrault, pour autant qu’il ait l’ambition d’avoir la longévité politique exceptionnelle de M. Fillon.
Que reproche-t-on à M. Ayrault ? De ne pas s’emparer des dossiers les plus « chauds » pour imposer sa personnalité. Le drame d’Échirolles l’a laissé sans voix, pendant que Manuel Valls, ministre de l’Intérieur et présenté comme le « vice-président » par une couverture récente du « Nouvel Observateur », rendait visite aux habitants du quartier, très vite suivi par François Hollande. L’interpellation d’une bande de présumés terroristes a eu lieu au moment où il se rendait aux festivités culturelles de Lille 3 000, ce qui, dans cette affaire aussi, a permis à M. Hollande et à M. Valls de faire la démonstration de leur détermination sans faille en matière de sécurité. Le Premier ministre aurait donc un problème de communication ? Si c’est le cas, ce n’est pas le plus grave.
Ses attitudes conciliantes, son comportement de notable socialiste réaffirmant plus souvent d’agaçantes généralités idéologiques que des solutions à chaud pour des problèmes complexes montrent qu’il est plus dans le programme à long terme que dans l’action immédiate. Pourtant, lorsqu’il dirigeait le groupe socialiste dans l’opposition, il était féroce, pour la droite au pouvoir, pour le président de l’Assemblée nationale qu’il allait, menaçant, contraindre à appliquer le règlement, pour tous ses adversaires politiques. Peut-être est-il plus à l’aise dans la conquête que dans l’exercice du pouvoir. Mais, quoi qu’il en soit, il ne faut surtout pas en tirer des conclusions rapides.
Celui que Hollande voulait.
Jean-Marc Ayrault est en effet le Premier ministre que voulait François Hollande. Car sa loyauté pour le président ne faisait aucun doute et ne s’est pas démentie depuis. Il n’est pas impossible que sa soudaine prudence, ses apparentes hésitations, son étrange manière d’abandonner à ses ministres, Valls, Montebourg, Cahuzac, Taubira, Duflot le désir d’agir et de commenter leur action tournent autour du même objectif : rassurer M. Hollande, montrer tous les jours que le tandem est solide, uni, forme un bloc. Tout pour Hollande, rien pour lui-même. C’est sûrement utile, surtout à propos d’un gouvernement qui va parfois dans tous les sens (on ne voit pas, par exemple, comment la fermeté de M. Valls sur la sécurité est compatible avec la volonté de Christiane Taubira d’appliquer un programme judiciaire plus clément), mais cela lui donne l’image d’un Premier ministre pâle et transparent. « Beige », dit même la journaliste Catherine Nay, comme pour mentionner une des couleurs les moins excitantes, moins agréables à l’œil en tout cas, qu’un rouge écarlate ou un vert étincelant.
Nous en sommes, encore pendant quelques mois, à la période post-électorale, celle qui est la plus chargée en réformes, celle qui met le plus le gouvernement au défi de juguler la crise, celle qui fait mal, qui n’offre pas aucune perspective de vie meilleure. M. Ayrault souffre principalement (comme M. Hollande) du fait que la triste réalité, enfin confrontée, mais pas nécessairement avec les meilleurs moyens, noie l’espoir. Il serait néanmoins absurde de le déposséder déjà de son avenir politique. M. Ayrault a tout le temps de rebondir et, en dépit d’une scepticisme partagé par la majorité de l’opinion, de réussir. Comme le chef de l’État, il préfère, contre tous les aléas présents et à venir, l’optimisme. Il croit qu’il y aura une reprise de l’économie ; il croit que les mesures annoncées, qui nous semblent dangereuses pour l’entreprise et la création d’emplois, produiront une reprise en 2013, il croit en un taux de croissance plus élevé l’an prochain. Illusion fatale ? Il ne faut jamais aller plus vite que la musique.
Ayrault : le prix de la loyauté
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