RÉVÉLÉ récemment par le quotidien « El Pais », un projet du ministère espagnol de l’Économie et de la Compétitivité suggère de libéraliser le secteur de la pharmacie, en permettant notamment à tout le monde d’ouvrir une pharmacie. Ce projet ouvrirait grand la porte aux chaînes, alors que les officines actuelles sont, comme en France, détenues uniquement par des pharmaciens, et organisées en fonction de quotas géographiques et de population, avec une officine pour 2 800 habitants. Le ministère de la Santé s’oppose toutefois à ce projet, en estimant que le système actuel de répartition « a fait ses preuves » et garantit à « 99,9 % de la population » un accès rapide et de qualité à tous les médicaments.
Le ministère de l’Économie estime, dans son projet, qu’il est nécessaire de libéraliser l’ensemble du secteur de la santé, et pas seulement la pharmacie, parce qu’il emploie une proportion particulièrement élevée de diplômés des universités, qui souffrent d’une « réglementation excessive et obsolète ». Une telle réforme aurait, selon lui, des avantages économiques et qualitatifs.
La présidente de l’Ordre des pharmaciens d’officine espagnols, Carmen Peña, récuse bien évidemment cette argumentation, et met en avant la qualité du service existant, de même que sa sécurité. Elle estime que les seules bénéficiaires d’une telle réforme seraient les grandes chaînes, dont l’essor entraînerait, en dix ans, la fermeture de la moitié des officines indépendantes, et supprimerait des milliers d’emplois.
Ce projet de libéralisation, précise le ministère de l’Économie, n’est toutefois qu’un document de réflexion. Il n’en montre par moins que l’idée de la libéralisation des pharmacies est loin d’avoir été abandonnée en Europe : en Italie, Mario Monti a entrepris, depuis l’automne 2011, une réforme de ce type, tandis que la Commission européenne enjoint depuis deux ans la Grèce de procéder elle aussi à une telle réforme, qui est aussi à l’étude au Portugal. De plus, le sujet revient régulièrement à l’ordre du jour dans les documents de travail de l’Union européenne.
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