DU COUP, l’opinion regarde au delà de l’horizon. Elle serait presque prête à manger son pain noir jusqu’en 2017, avec l’espoir qu’un changement politique radical produit par les élections présidentielle et législatives apporte rapidement une hausse de la croissance et une diminution du chômage. Il existe peut-être, à cet égard, une majorité pour des élections anticipées. C’est une attitude mortifère. Tout combat politique, économique et social se livre dans l’instant présent. Deux ans de quinquennat représentent une période longue susceptible de fournir une meilleure conjoncture. Les Français semblent avoir conjuré le désespoir par un espoir différé sans paraître réaliser que chacun d’entre eux nourrit un projet différent : les uns veulent un retour au socialisme de base, celui qui dépense et renforce le filet social, au mépris de notre endettement et de nos déficits publics ; d’autres croient dur comme fer à une réforme si vaste qu’elle engendrerait des miracles immédiats, illusion fatale, car il faut des mois, parfois des années, pour que des changements structurels apportent une société meilleure ; d’autres enfin ne croient ni à la droite ni à la gauche, qu’ils ont vainement essayées successivement, ou bien sont tentés par les aventures d’ailleurs similaires que leur proposent l’extrême droite ou l’extrême gauche, pour l’unique raison qu’elles n’ont jamais gouverné et que, face à une crise aussi longue, il faut aller chercher ailleurs des esprits providentiels.
L’effet négatif des dogmes.
Mais ce n’est pas de cette manière que nous sortirons le pays de l’ornière. En gros, l’échec du pouvoir actuel vient du fossé qu’il a créé en faisant des promesses qu’il n’a pas pu tenir. En sacrifiant à la politique-fiction, on peut dire aussi que, si François Hollande n’avait fait de telles promesses, moins dictées par ses convictions que par la volonté de réussir, il n’aurait pas été élu. Dans le même scénario, personne ne peut affirmer que M. Sarkozy aurait mené le pays vers des rivages plus accueillants. Sauf s’il avait renforcé la politique de réformes entamée à la fin de son quinquennat. Ces considérations ne sont exprimées ici que pour relativiser les choix de l’électorat, les différences entre gauche et droite, l’inanité du combat idéologique. Si chacun d’entre nous partait du principe que ce qui compte, ce n’est pas le dogme, mais le pragmatisme, nous envisagerions le présent avec un peu plus de sérénité.
Il est certes difficile de respecter un pouvoir qui a commis de lourdes erreurs de gestion. Après tout, M. Hollande a eu sa chance en 2012 et il l’a perdue. Mais il faut constamment remettre l’ouvrage sur le métier et, par conséquent, donner à Manuel Valls le minimum de crédit qui lui permette d’agir. L’enjeu ne porte pas sur une revanche que la droite devrait prendre sur la gauche, mais sur ce qu’il est possible et utile de faire, encore aujourd’hui, au niveau de la communauté nationale, en matière de croissance et d’emploi. Nous pouvons nourrir l’idée d’en finir avec un président qui a déçus ses propres électeurs; nous ne pouvons pas zapper le quinquennat auquel il s’accroche, pas plus que nous pouvons rester l’arme au pied pendant encore plus de deux ans, alors que la crise doit être traitée en urgence, une urgence qui dure depuis plus de six ans. Cela signifie que, pour tous ceux qui ne sont pas encartés dans un parti, la liberté existe de combattre ou de soutenir le gouvernement selon chacune des dispositions nouvelles qu’il adopte, ce qui n’obère en rien notre autre liberté, celle de voter pour qui bon nous semble en 2017.
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