Les Pharmaciens Associés (Astera)

Un réseau qui mise sur le modèle coopératif

Publié le 08/12/2011
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Astera a créé son réseau de pharmaciens en février 2009, comme l’ont fait d’autres grossistes-répartiteurs. À la différence de ses concurrents, Astera a choisi le modèle coopératif afin de laisser le pharmacien au cœur du projet. Premier bilan après bientôt trois ans de fonctionnement.
Patrick Rémond

Patrick Rémond
Crédit photo : dr

ASTERA, ex CERP Rouen, est restée une coopérative avant tout. Il n’aurait pas été envisageable de créer un réseau de pharmaciens construit sur un autre modèle. « Nous sommes une coopérative parce que le pharmacien est au cœur du projet, explique Patrick Rémond, directeur du réseau Les Pharmaciens Associés. Nos résultats sont redistribués aux adhérents, c’est la grande différence avec nos concurrents. Le réseau a un conseil d’administration de 12 officinaux en activité, dont une partie est élue par les adhérents, et qui se réunit tous les deux mois pour donner les orientations. » Ce travail est renforcé par des groupes d’études techniques en région qui se penchent sur la préparation des campagnes d’animation, la mise en place de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) et l’accueil des nouveaux adhérents. « Le réseau est hébergé par une structure économique solide, c’est important en ces temps de crise. Le groupe nous aide dans son développement. » Il faut en effet rappeler qu’Astera compte 6 500 sociétaires et s’est allié à une coopérative allemande de même taille, Sanacorp, formant depuis quatre ans le groupe Sanastera, 4e distributeur européen. « Nous avons hérité des valeurs de la coopérative : indépendance, partage et éthique. »

Toute officine peut adhérer. « Le réseau se focalise davantage sur le pharmacien que sur la pharmacie, l’important n’est pas son chiffre d’affaires, c’est pourquoi nous avons tout type d’officine chez nos adhérents. » L’essentiel est que le pharmacien ait la volonté de rester indépendant tout en étant coopérateur dans l’âme et qu’il considère le service au patient comme primordial.

Audit global.

Aujourd’hui, le réseau compte 200 sociétaires, croissant d’environ 70 nouveaux membres chaque année. Il privilégie six axes de travail, dont le premier est le développement de l’officine, qui requiert, pour tout nouvel adhérent, un audit global permettant de définir son projet professionnel et personnel et passant en revue toute l’organisation. Au programme : analyse de l’environnement, stratégie merchandising, qualité de service aux patients, politique de prix, stimulation du marché de la médication officinale, des campagnes de prévention et saisonnières, suivi et analyses des performances.

« Ce programme s’étale sur deux années car il est conséquent, il s’accompagne de formations et demande une véritable implication de l’équipe. L’idée est d’avoir une offre très personnalisée et qualitative. Nous comptons un conseiller pour vingt pharmaciens là où nos concurrents proposent un conseiller pour 30/35 pharmacies, voire même pour 70/100 officines », précise Patrick Rémond.

Deuxième axe de travail : le partage. Cela passe par les outils de communication, le séminaire annuel, les liens par le réseau extranet. Les partenariats constituent le troisième axe. Les Pharmaciens associés bénéficient de conditions privilégiées auprès de la centrale des pharmaciens, qui a intégré le groupe Astera en 2008, accédant ainsi à 120 laboratoires et plus de 2000 références. D’une manière générale, les adhérents du réseau bénéficient d’accords particuliers avec toutes les filiales d’Astera telles que Oxypharm (soins à la personne) ou Isipharm (informatique officinale). « Il n’y a aucune obligation à travailler avec une société et nous n’imposons pas l’informatique unique par respect pour l’indépendance de chacun. Il est vrai que c’est mieux de travailler avec les mêmes outils, nous faisons en sorte qu’il y ait de réels bénéfices pour l’adhérent afin qu’il s’engage de lui-même dans telle ou telle voie, mais nous n’imposons rien », souligne Patrick Rémond.

Prévention.

Le quatrième axe de travail s’intéresse à l’officinal comme acteur de santé. C’est dans ce sens que Les Pharmaciens Associés ont décidé d’augmenter le nombre de campagnes de prévention en 2012 et de favoriser l’accès à la formation, pour toute l’équipe, par le biais du e-learning. Les campagnes s’intéressent au diabète, à l’hypertension artérielle, à l’asthme et au sevrage tabagique. « À chaque fois, nous créons un espace de confidentialité par l’installation d’une table et de deux fauteuils, une mise en scène de l’espace, des recommandations sur la façon d’aborder le patient, et les outils nécessaires à chacune des pathologies. Le pharmacien propose alors un rendez-vous pour un entretien plus approfondi. » Ces campagnes de prévention sont entrecoupées de campagnes saisonnières.

L’équipe est le cinquième axe de travail, car il est nécessaire qu’elle soit pleinement intégrée à la démarche du réseau. Toutes sortes d’implications et de responsabilisations sont mises en œuvre de façon à générer une forte motivation. Enfin le dernier axe se penche sur l’organisation du back-office et sur sa rationalisation.

« Notre mission est à la fois économique et sociétale, explique Patrick Rémond. Nous devons, d’une part, favoriser le développement économique durable des pharmacies face aux menaces concurrentielles, tout en conservant l’indépendance de vue de nos sociétaires. D’autre part, nous contribuons à la santé et au bien-être de la collectivité. » Une vision idéaliste à laquelle tient Astera.

› MÉLANIE MAZIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2882