Quarante-huit officines du Pas-de-Calais, 12 de la Somme, 26 de l'Oise, 10 de l'Aisne, et 97 du Nord, constituent le réseau régional de pharmaciens vigilants (chiffres en évolution) que vient de créer l'URPS des Hauts-de-France. Près d’une pharmacie sur dix dans la région. « Nous voulons redorer notre image d'expert du médicament », affirme Jean-Michel Foiret, pharmacien à Mons-en-Baroeul (Nord), et secrétaire général de l'URPS.
Une première enquête flash a été organisée, pour « mieux décrire les pratiques de délivrance » en officine. Le thème choisi était celui des antalgiques oraux délivrés sans ordonnance, et 82 officines y ont participé. On apprend ainsi que l'enquête a donné lieu à un travail de concertation dans l'équipe de la pharmacie pour 52,4 % d'entre elles ; que, dans 89 % des cas, la prise de paracétamol seule est conseillée ; que 84,1 % des conseils avant délivrance tiennent compte du contexte clinique, etc.
« L'étude nous a sensibilisés sur les contre-indications, sur le fait de bien poser les bonnes questions, précise Noémie Davoust, adjointe à Saint-Valery-sur-Somme (Somme). Nous n'avons pas la maîtrise du patient, et ces traitements antalgiques sont sans doute trop banalisés. Lorsqu'on connaît le patient, on regarde son historique dans son dossier pharmaceutique (DP), mais s'il s'agit d'un touriste, d'un patient de passage, on ne demande pas la carte Vitale, on n'ouvre pas son DP. Lorsque la pharmacie est pleine, on ne fait pas assez attention, et des patients ne font pas confiance au pharmacien. »
« Sous-vigilance »
« Cela pose le problème des médicaments en vente libre. Sans contrôle, on peut aller à la catastrophe », poursuit-elle. « Nous devons toujours rappeler la posologie, souligne Gonzague Pruvôt, co-titulaire de cette pharmacie qui emploie quatre pharmaciens, et sept préparateurs. Nous avons des patients qui prennent toujours 2 grammes, en pensant que c'est mieux. Certains avalent deux boîtes de Doliprane par jour, 16 g, alors que la prise de 10 g est létale. »
Noémie Davoust avait pris la responsabilité de l'enquête flash à l'officine. Elle avait d'abord sensibilisé ses collègues, et accroché un tableau que chacun cochait après une délivrance. Elle a ensuite recollé les éléments afin de les adresser à l'URPS. « L'enquête était simple d'emploi, précise-t-elle. Disposer des résultats nous offrira un panel plus large pour mieux comprendre les patients. »
« Dans ma pharmacie, on pratiquait un peu la vigilance, mais en l'absence de retour de nos informations, c'est plus compliqué à tenir », constate Jean-Michel Foiret. Les responsables de l'URPS ont donc consulté les centres de pharmacovigilance de Lille (Nord), d'Amiens (Somme), le centre d'addictologie dont dépend la région, et qui se trouve à Caen (Calvados), les facultés de pharmacie (Lille et Amiens) et enfin l'Ordre. Un groupe de travail a été constitué qui a d'abord conclu à une « sous-vigilance ».
« Il faut d'abord remotiver les pharmaciens, observe Jean-Michel Foiret. Nous allons organiser deux enquêtes flash par an, sur quelques sujets simples, et une enquête de fond, avec une journée de formation, sur un produit, la façon de mener l'entretien. C'est au pharmacien d'être vigilant, par exemple pour vérifier que la personne suit son traitement. Il faut y entraîner nos équipes officinales. Nous construirons ensuite un outil informatique pour disposer de formulaires en ligne. »
L'URPS veut ainsi remonter une information de terrain fiable, et disposer en retour d'alertes, quand c'est nécessaire. L'Union des Hauts-de-France s'est fixé un programme, et se propose ensuite de le faire partager à d'autres URPS en France. « La pharmacovigilance marche très bien en milieu hospitalier, conclut le responsable. Nous voulons faire de même en ville, car elle ne concerne pas que les effets secondaires, mais aussi le mésusage ou la consommation anormale. »
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