« La résolution de la colite chez ces patients a pu être confirmée par la clinique et l’endoscopie après transplantation de microbiote fécal (TMF) », précise le Dr Yinghong Wang, du Centre du Cancer M.D. Anderson à Houston (TX, États-Unis). « Sur la base de ces résultats, la greffe fécale devrait être évaluée aussi en traitement de première intention pour la colite liée aux ICP, car la TMF est sûre et conduit rapidement à un effet durable », estime le Dr Wang. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Nature Medicine.
L’immunothérapie a transformé le domaine de l’oncologie, améliorant la survie à long terme des patients cancéreux dans de nombreux cancers. De fait, les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (anti-CTLA-4, anti-PD-1, anti-PD-L1), qui visent à lever des freins du système immunitaire afin de restaurer l’immunité anticancéreuse, procurent un bénéfice prolongé chez 30 % des patients atteints de divers cancers.
Événements secondaires immuno-médiés
Ces thérapies sont associés toutefois à des toxicités immunologiques. La colite, deuxième toxicité la plus fréquente des traitements par immunothérapie, est rapportée chez environ 40 % des patients. Elle se manifeste par des diarrhées et des douleurs abdominales, et peut être sévère et ressemble à la colite inflammatoire des MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin). Elle est traitée par corticoïdes et/ou anti-TNF et, lorsqu’elle est sévère, le traitement doit être suspendu jusqu'à guérison de la colite.
« Si le patient répondait bien à l’immunothérapie, cela signifie que nous sommes dans l'obligation de lui interrompre un traitement efficace avec un risque de reprise de la maladie tumorale. Il est donc important de résoudre le problème le plus rapidement possible afin qu’il puisse être à nouveau traité », souligne le Dr Wang.
Une alternative originale à la corticothérapie
L’équipe de Houston a décidé d'étudier l’effet de la TMF chez 2 patients qui présentaient une colite sévère liée aux ICP résistante à six semaines de traitement par corticoïdes, anti-TNF (infliximab) et anti-intégrine (vedolizumab). Les deux patients ont été traités entre juin 2017 et janvier 2018. La première patiente (50 ans) atteinte d’un cancer de la vessie métastatique, réfractaire à la chimiothérapie, bénéficiait dans le cadre d'un protocole clinique, d'un traitement associant un anti-CTLA-4 et un anti-PD-1. Deux semaines après l'initiation thérapeutique, elle développa une colite sévère comparable à la rectocolite hémorragique et réfractaire aux immunosuppresseurs.
Elle a donc reçu une greffe fécale de donneur sain, administrée par coloscopie. L’évolution a été progressivement favorable avec l'observation d'une guérison clinique et endoscopique au bout de 2 semaines. L’autre patient (78 ans), atteint d’un cancer de la prostate réfractaire à la chimiothérapie et l’hormonothérapie, avait bénéficié de 2 doses d’anti-CTLA-4 dans le cadre d'une étude clinique. Trois mois après, il développa une colite sévère similaire à celle de la maladie de Crohn, réfractaire aux immunosuppresseurs. Il a reçu une greffe fécale et l'évolution a été marquée par une amélioration partielle avec persistance des ulcères à l’endoscopie. Il a été nécessaire de réaliser une seconde greffe fécale 2 mois après, laquelle s’ensuivit d’une complète guérison clinique et endoscopique. L’étude montre que la greffe fécale est associée à une modification du microbiote intestinal et à une augmentation relative des lymphocytes T régulateurs dans la muqueuse colique.
L’équipe envisage maintenant de conduire des études cliniques afin d’évaluer l’efficacité de la TMF pour traiter la colite associée aux ICP en comparaison au traitement de référence, et en étudier les mécanismes d’action. Par ailleurs, ils continuent d’offrir à ces patients la greffe fécale pour un usage compassionnel.
Y. Wang et al., Nature Medicine, 10.1038/s41591-018-0238-9, 2018.
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