Le problème est que la France est un État qui a un rôle à jouer dans la négociation israélo-palestinienne et qu’elle a donc des responsabilités particulières qui, d’un point de vue purement juridique, appartiennent strictement à l’exécutif. C’est à François Hollande et à Laurent Fabius d’orienter la diplomatie française dans le sens du progrès des négociations, pas aux élus, qui ne se sont guère attardés sur leur curieux empiètement dans le domaine de l’exécutif. J’admets toutefois que l’argument juridique est insuffisant. Si cette résolution, qui sera probablement adoptée, ouvrait une brèche dans le statu quo actuel, qui est mortifère, personne ne devrait s’y opposer. Mais ce n’est pas le cas.
La résolution sera accueillie triomphalement par les Palestiniens qui en feront une victoire déterminante, ce qu’elle ne sera pas, et avec colère par les Israéliens qui risquent de durcir leurs positions, déjà très intransigeantes. Elle privera notre ministre des Affaires étrangères d’une marge de manœuvre essentielle. Jusqu’à présent, le gouvernement Hollande est perçu par Benjamin Netanyahu comme celui d’un pays ami d’Israël. Notre président bénéficie même d’une bonne cote de popularité dans l’État juif. Malgré tous les efforts des élus socialistes pour démontrer que la résolution est purement symbolique et qu’elle est faite uniquement pour encourager le processus de paix, ce qui est un brin hypocrite, ils ne réussiront qu’à classer la France dans le camp des pays hostiles à Israël.
Elle sera certes en bonne compagnie puisque le conflit de Gaza l’été dernier a jeté, comme d’habitude, l’opprobre sur Israël. C’est l’autre point essentiel du débat. Une minorité d’Israéliens est favorable à la création d’un État palestinien. Des voix israéliennes se sont élevées pour réclamer la résolution parlementaire française. S’il existe un consensus, au moins hors d’Israël, sur cette tragédie du Proche-Orient, c’est autour d’une solution fondée sur l’existence de deux États vivant côte-à-côte dans les frontières de 1967, avec peut-être un échange de territoires et un partage de Jérusalem. Il ne fait aucun doute que le Premier ministre israélien retarde la négociation pour augmenter la surface du territoire où vivent les Israéliens. Il dirige en outre une coalition dont les éléments religieux et l’extrême droite pèsent sur son jugement et menacent de l’évincer du pouvoir s’il ne cède pas à leurs pressions.
Diabolisation d’Israël.
Cependant, le Hamas rejette la solution à laquelle pense le monde entier. Il s’emploie à détruire le processus de paix en multipliant les attentats et les provocations. C’est lui qui a déclenché la guerre de Gaza, pas Israël, même si le monde entier attribue au gouvernement de Jérusalem l’unique responsabilité des 2 200 morts de Gaza. Il est donc légitime de craindre qu’une résolution de l’Assemblée ne fasse qu’attiser les flammes et ne serve qu’à accroître la solitude d’Israël, alors que la diplomatie américaine, épuisée par le conflit, est prête à laisser la place à la France. Libérée par les Israéliens il y a plusieurs années, Gaza est toute de suite devenue une base d’agression contre Israël et, en même temps, l’instrument de sa diabolisation permanente. Pratiquement, aucune des millions de voix qui ont condamné Israël pendant la guerre de Gaza n’a dénoncé le bombardement incessant des civils israéliens par le Hamas et par le Jihad islamique. Ce n’est pas une bonne façon d’encourager la paix.
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