POUR REDONNER du pouvoir d’achat aux Français, le ministère de l’Économie remet sur la table une vieille recette : casser tous les monopoles, dont celui des officines sur la dispensation des médicaments. Il n’en fallait pas plus pour embraser une profession déjà mise à mal économiquement par des plans médicament successifs. Résultat, quasi instantanément, des actions se mettent en place un peu partout en France. Le 1er septembre, à l’appel du collectif MaPharmacieNeFermeraPas, des confrères maintiennent leur croix verte allumée toute la nuit et colorent les fontaines et les cours d’eau, avec de la fluorescéine. La Fédération du Haut-Rhin et la branche du Haut-Rhin de l’Union régionale des pharmacies d’Alsace (affiliée à l’UNPF) organisent pour leur part une journée « pharmacies mortes » le 24 septembre et manifestent devant la préfecture à Colmar. Ce ne sont que quelques exemples.
Devant la montée de la menace pour l’avenir de l’officine, la profession décide de jouer l’unité. Syndicats, groupements, ordinaux et étudiants se mettent d’accord pour mener des actions communes contre le projet de réforme des professions réglementées. Ensemble, ils décident de lancer une vaste campagne d’affichage dans les officines, et surtout d’appeler à la fermeture des pharmacies le mardi 30 septembre. Un appel auquel les officinaux de France répondent bien au-delà des espérances des organisateurs. Car ce mardi 30 septembre, c’est la quasi-totalité des officines qui gardent leurs rideaux baissés. Tout aussi inhabituel, plusieurs milliers de pharmaciens descendent dans la rue, accompagnés de leurs équipes. Ce jour-là, titulaires, adjoints et préparateurs investissent les rues des grandes villes de l’Hexagone pour crier leur colère et leur opposition au projet de déréglementation de leur profession. À Paris, ils sont ainsi 5 000 (2 500 selon la police) à battre le pavé des Invalides au Sénat, avant de se rassembler devant le ministère de l’Économie, à Bercy. En Bretagne, le mouvement est fortement suivi, avec un taux de grévistes frôlant les 100 %. Tout comme en Haute-Normandie, mais aussi Poitou-Charentes - où plus de 95 % des officines sont fermées -, ou encore dans les Deux-Sèvres et en Charente-Maritime. En Picardie, plus de 90 % des quelque 650 pharmaciens picards, hors les réquisitionnés, sont en grève ce 30 septembre, selon l’agence régionale de santé (ARS). En Charente et dans la Vienne, plus de 500 manifestants en blouse blanche, pharmaciens mais aussi kinés, infirmiers et dentistes, défilent dans les rues d’Angoulême avant de rejoindre la préfecture. À Limoges, plus de quatre cents officinaux manifestent leur mécontentement sous les fenêtres du préfet, tout en brandissant des bannières proclamant « la santé c’est clair, ça n’sera pas chez Leclerc ».
La démonstration de force se révèle payante. Les mesures concernant l’officine ne seront plus discutées à Bercy, mais avenue de Ségur, chez Marisol Touraine qui n’a jamais caché son attachement au maillage et au monopole de dispensation des médicaments dans les officines.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion