« LA LUTTE contre le dopage a pris un tour nouveau à partir de 1999, à la suite d’affaires très médiatisées survenues dans le sport cycliste par la création, à l’initiative de Marie-Georges Buffet, alors ministre des Sports, d’une autorité administrative, le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage, ou CPLD », a rappelé Pierre Bordry ; ce CPLD ayant compétence à effectuer des contrôles antidopage à l’occasion de toutes les manifestations sportives se déroulant sur le territoire national.
Les « affaires » se multipliant, et conséquence aussi de la candidature de Paris aux prochains Jeux Olympiques, une nouvelle loi était devenue nécessaire. Adoptée le 5 avril 2006, cette loi inspirée du code international crée l’Agence française de lutte contre le dopage (AGLD), dont les compétences ne peuvent plus s’exercer sur les compétitions organisées par les fédérations internationales, sauf en accord avec ces dernières. Une restriction certes importante, mais dont la portée est parfois tempérée par les excellents rapports noués avec les fédérations nationales d’autres pays et, grâce à la loi du 3 juillet 2008 (déposée par Roselyne Bachelot-Narquin), donnant à l’Agence la capacité d’agir de concert avec les gendarmes et les douanes : « ce que nous ne trouvons pas dans les prélèvements, nous le trouvons parfois dans les bagages ou les chambres d’hôtels ! »
Une instance indépendante.
L’Agence est également compétente pour les contrôles antidopage d’animaux réalisés, par exemple, lors de compétitions équestres ou canines.
L’activité principale de l’Agence consiste naturellement à réaliser des contrôles antidopage (près de 10 000 par an), mais celle-ci soutient aussi activement la recherche - notamment par des approches très innovantes, comme le profilage protéomique et lipidomique ou la détection indirecte du dopage génétique -, et mène des actions de prévention, comme lors du Marathon de Paris.
« L’indépendance de l’AFLD est garantie par le mode de nomination de ses membres et son financement dont la majeure partie est d’origine publique », a souligné Pierre Bordry. De fait, les 9 membres du Collège de l’Agence sont représentés par trois magistrats (un du Conseil d’État et deux de la Cour de Cassation) désignés par leurs institutions respectives, trois scientifiques présentés par les Académies des Sciences, de Médecine et de Pharmacie (il s’agit du Pr Jean-Pierre Goullé) et trois personnalités qualifiées dans le domaine du sport (deux désignées par le Comité national olympique et sportif et une par le Comité consultatif national d’éthique). L’Agence dispose d’un directeur des contrôles et d’un directeur des analyses, ainsi que d’un Comité d’orientation scientifique, composé notamment d’experts français et étrangers de haut niveau et d’un représentant de l’Agence mondiale antidopage.
Une lutte sur tous les fronts.
Dans un environnement rendu difficile par l’imagination fertile des « dopeurs », l’emploi de nombreux nouveaux produits, souvent des médicaments, y compris encore en expérimentation, et l’existence de multiples pressions, l’AFLD mène une activité particulièrement intense sous le double signe de la fermeté et de la rigueur. « Depuis 2008, notamment, nous avons montré qu’on peut lutter contre le dopage et que celui-ci n’est pas inéluctable, y compris lors de grandes compétitions, comme le Tour de France », a conclu Pierre Bordry.
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