UNE PAGE se tourne. Ce soir, Jean Parrot ne sera plus président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Après avoir passé seize ans à la tête de l’instance, le pharmacien de Bellegarde passe la main, comme il l’a annoncé début mai dans « Les Nouvelles pharmaceutiques ». Qui pour lui succéder ? Deux candidats ont officiellement annoncé leurs intentions : l’ancienne présidente de la section A (titulaires), Isabelle Adenot, et l’ex-président de la section C (distribution en gros), Jean-Luc Delmas (voir leur portrait ci-dessous).
Veiller à l’unité.
Sans indiquer bien sûr le nom de celui, ou de celle, qu’il préférerait voir lui succéder, Jean Parrot définit dans son entretien avec « Les Nouvelles pharmaceutiques » les qualités d’un président de l’Ordre. « Il doit veiller aux équilibres et à l’unité, s’assurer de la compréhension et du soutien les plus larges, consolider les acquis, estime-t-il. Il doit faire en sorte que la composition du bureau du Conseil national reflète tous les métiers. Il faut même selon moi privilégier l’exercice qui serait plus menacé dans sa structure, comme c’est aujourd’hui le cas pour la biologie ».
« Le président du Conseil national doit donc avant tout, poursuit Jean Parrot, pour ne pas compromettre l’unité et l’efficacité de l’institution, maîtriser son impatience et s’empêcher d’intervenir en tout, à tout instant, partout. Ses qualités personnelles seraient-elles exceptionnelles, il doit rester à son poste pour conduire la manœuvre. Un chef d’orchestre reste au pupitre ».
Des succès.
Indéniablement, Jean Parrot aura marqué l’instance de son empreinte. De grands chantiers ont, en effet, été menés sous son impulsion. Parmi eux, le dossier pharmaceutique (DP), outil professionnel inédit permettant de mieux sécuriser la dispensation des médicaments à l’officine, ou encore la mise en place du libre accès à certains médicaments, gérée avec habileté par le futur ex-président de l’Ordre. D’abord hostile au principe, Jean Parrot, s’est ensuite appliqué à accompagner la mesure. « Dès lors que l’on nous impose cette évolution, je pense qu’il faut être constructif et participer à la mise en place du nouveau système, tout en faisant en sorte de ne pas y perdre notre âme, argumentait-il alors. C’est dans cet esprit que nous avons essayé d’encadrer au maximum ce projet ». Au final, Jean Parrot a su imposer ses conditions, c’est-à-dire la création d’une zone dédiée au sein de l’officine, placée sous le contrôle effectif et direct du pharmacien.
Aux côtés des syndicats, Jean Parrot est aussi l’un des principaux artisans de la victoire des officinaux contre l’ouverture du capital des pharmacies souhaitée par Bruxelles. Il a aussi beaucoup œuvré pour que la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), qui vient d’être adoptée, reconnaisse l’élargissement du rôle des pharmaciens. Déçu par la première mouture de la loi, il n’avait pas hésité à interpeller Roselyne Bachelot lors de la dernière journée de l’Ordre. « Puisque les officines jouent un rôle clé dans ces fameux "soins de premier recours", votre loi, Madame la ministre, doit dire clairement quelles missions nous avons, aujourd'hui et pour demain », lui avait-il lancé.
Des positions contestées.
Dès son premier mandat, en 1993, Jean Parrot avait annoncé sa volonté de faire évoluer la pharmacie. « J’ai de grandes ambitions pour la profession », déclarait-il en effet au lendemain de son élection. Mais Jean Parrot, à la suite de certaines prises de positions, s’est aussi attiré des inimitiés au cours de sa carrière. Notamment, lorsqu’il a laissé entendre dans une interview parue dans un supplément du journal « Le Monde » qu’il y avait en France 6 000 pharmacies de trop. « Nous sommes favorables, par exemple, à une diminution du nombre d’officines, de 23 000 actuellement à 17 000 », indiquait-il. La polémique ne s’arrête pas là. Au cours du même entretien, Jean Parrot défend en effet l’idée d’une structuration du réseau en plusieurs niveaux avec la création de « pharmacies mères » et de « pharmacies filles ».
Parfois critiqué, d’autres fois loué, le président Parrot n’aura pas laissé indifférent. Après avoir consacré la plus grande partie de son temps à la défense des valeurs professionnelles, il décide aujourd’hui de se rendre plus disponible pour sa famille et la réalisation de ses projets personnels.
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