JEAN-MARC AYRAULT sait-il où il va ? Le Premier ministre vient de nous présenter une loi de finances qui contient un matraquage fiscal sans précédent, peu propice à une relance de l’économie. Voilà qu’il semble saisi d’un doute et qu’il vole au secours des entreprises en envisageant une baisse des charges sociales. Les socialistes ont refusé avec vigueur d’augmenter la TVA pour diminuer les cotisations patronales. Comme on s’y attendait, s’ils rejettent la hausse de la TVA, il ne leur reste plus, comme instrument de relance, que la CSG. Ils auront beaucoup de mal à nous expliquer pourquoi un point de CSG supplémentaire fait moins de mal au contribuable et à l’épargnant qu’un point de TVA. À la louche, un point de TVA rapporte 6,5 milliards (la recette du point est difficile à calculer parce qu’il y a cinq taux différents), tandis que le point de CSG rapporte presque 11 milliards. Le projet du gouvernement s’élevant, selon « le Monde », à 40 milliards, il suffirait d’augmenter la CSG d’un point. La différence avec la TVA, c’est que la CSG permet aux pouvoirs publics de puiser la recette directement dans les revenus du travail et de l’épargne, diminuant automatiquement le pouvoir d’achat, alors que la recette de la TVA dépend des orientations personnelles du consommateur.
La nécessité de soulager les entreprises, dont les marges sont au plus bas, n’en est pas moins impérieuse et, si l’on veut relancer l’emploi, il ne faut pas chipoter. Prenons un exemple : un point de CSG sur un revenu brut de 50 000 euros par an, c’est 40 euros de moins chaque mois. Cela semble supportable, sauf qu’il s’agit d’un impôt qui s’ajoute à tous les autres. Le « choc de compétitivité » implique donc, comme la réduction des déficits publics, un nouveau sacrifice pour les foyers français. Bien entendu, les syndicats ne sont pas plus enthousiasmés par la hausse de la CSG que par celle de la TVA. Ils affirment (et, jusqu’à présent, c’était l’idée du gouvernement) que la désindustrialisation ne résulte pas du poids des charges sociales, mais d’un manque de compétitivité. Et il est vrai que nous fabriquons de moins en moins de produits sophistiqués, chers et à haute valeur ajoutée, au profit de produits bas de gamme dont les prix de vente sont tellement rabotés qu’ils effacent littéralement le profit des entreprises. Il n’empêche : une baisse des prix de revient des produits manufacturés nous aidera à reconquérir des parts de marché, en attendant la réorientation de l’industrie française vers le haut de gamme (d’où ne ne sommes pas absents, grâce à l’industrie du luxe, à l’aéronautique, à la viticulture).
Pourquoi pas deux points ?
En conséquence, il faut dialoguer avec les syndicats pour qu’ils approuvent les pouvoirs publics au sujet du choc de compétitivité et que cessent les discussions théoriques et idéologiques qui nous ont fait tant de mal. À la limite, on serait tenté de dire que un point de CSG ne suffit pas, qu’il en faudrait deux et diminuer d’autant les charges patronales. Est-ce faire la part belle aux chefs d’entreprise ? C’est ce qu’aurait dit le gouvernement il y a encore quelques jours. Mais il commence à s’apercevoir que, sans les industries qui embauchent, point de salut. Pendant qu’il théorise sur la réindustrialisation, il fait face à la fronde des patrons en colère et sévissent sur Internet sous le nom de « patrons-pigeons » depuis qu’il a inscrit dans la loi de finances le doublement de l’impôt sur la plus-value de la société vendue. Exemple : supposons que vous ayez créé une start-up, que vous avez trimé dix ou vingt ans pour la rendre florissante, et que, après avoir remboursé vos dettes, embauché deux douzaines de salariés dont l’emploi est stable et correctement rémunéré, vous voulez prendre votre retraite et vendre votre compagnie, disons pour la somme de 5 millions : ils seront taxés à 60 %, au lieu de 32 % auparavant. Fureur des entrepreneurs, embarras du gouvernement qui, comprenant que la mesure est inique, a décidé de revenir sur sa décision. Politique de Gribouille.
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