L’effroyable histoire d’une fillette délaissée

Une vie de chien

Publié le 18/07/2009
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L’HISTOIRE de Natacha, une fillette de cinq ans habitant à Tchita, en Sibérie orientale, fait froid dans le dos. L’inhumanité de ses proches en a fait un animal ! Totalement délaissée, Natacha a en effet grandi seule, depuis sa naissance, parmi des chiens et des chats, sans quasiment jamais quitter l’appartement sale et délabré dans lequel elle vivait avec son père et ses grands-parents. Tant et si bien qu’elle a singé le comportement de ses compagnons à quatre pattes. À tel point que la fillette ne parle pas, mais aboie, même si elle comprend parfaitement le russe. « Elle se jette sur les gens comme un petit chien, racontent les policiers qui l’ont découvert la semaine dernière. Durant toutes ces années, elle n’a appris que le langage des animaux ». Le mimétisme avec ces derniers va jusque dans sa façon de s’alimenter. En effet, la petite russe ne mange pas avec une cuillère, mais lape. Toutefois, d’après un spécialiste qui l’a examiné, Natacha n’est pas un « enfant animal » et ses manifestations comportementales de chiens et de chats ne seraient qu’épisodiques. « Ce n’est pas Mowgli », insiste-t-il, en référence au personnage de Kipling recueilli et élevé par des loups.

Le mythe de « l’enfant sauvage » a alimenté de nombreuses légendes. Outre le héros du « Livre de la jungle », on pense aussi bien sûr à Tarzan, recueilli par une tribu de grands singes, ou aux jumeaux fondateurs de Rome, Romulus et Rémus, élevés, eux, par une louve. Des cas réels ont également été rapportés, tel celui de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron (1797), qui inspira le film de François Truffaut. Mais l’authenticité de ces histoires est souvent mise en doute. Parfois, la supercherie est même démontrée. Tout récemment, Mischa Defonseca a ainsi avoué que le récit de sa traversée des forêts d’Europe, en compagnie d’une meute de loups, pour retrouver ses parents, n’était que pure invention. Malheureusement, l’histoire de la petite russe est, elle, bel et bien réelle. Placée dans une institution, Natacha bénéficie désormais d’une aide médicale et psychiatrique. Même si les médecins de l’enfant affirment qu’elle ne présente pas de retards psychiques graves, sa réadaptation à la vie des hommes sera longue.

Cette incroyable histoire laisse nombre de questions en suspens, parmi lesquelles : de la fillette ou de ses parents, qui sont réellement les sauvages ?

CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2668