EN GROS, on peut dire que sa querelle avec Mme Taubira, sur le contenu de la loi pénale, considérée comme laxiste et dangereuse par l’opposition de droite, a abouti à la victoire aux points de M. Valls, dès lors que le projet a été quelque peu édulcoré et qu’il ne sera soumis au Parlement que l’année prochaine, ce qui donne largement le temps aux partisans de la sécurité, comme M. Valls, d’en atténuer les effets. Quant à Cécile Duflot, qui s’est plainte publiquement de ce que le ministre de l’Intérieur fût sorti du pacte républicain en affirmant que les Roms n’avaient pas vocation à être intégrés dans notre société, elle a été amadouée par François Hollande, qui ne l’a pas limogée, mais n’a pas non plus désavoué Manuel Valls. Le président de la République continue en effet à faire la synthèse entre la politique sévère de l’immigration préconisée par M. Valls et à laisser dire, ailleurs à gauche, que nous accueillerons toute la misère du monde.
On n’est pas sûr que cette méthode, inaugurée lorsqu’il dirigeait le PS, soit avantageuse pour le chef de l’État. Il ne semble pas en effet que, en ratissant large, à droite et à gauche, il soit capable de ramener au bercail les quelque 8 % d’électeurs socialistes qui, dans les sondages, se prononcent en faveur de Marine Le Pen. Ce qui est sûr en revanche, c’est que la popularité de Valls n’est pas entamée et qu’il continue à caracoler en tête des personnalités politiques les plus aimées des Français. La plainte du MRAP est évidemment excessive pour qui garde à l’esprit que M. Valls, tout en se voulant réaliste, reste profondément socialiste et ne croit pas un seul instant que sa politique soit copiée sur celle de Nicolas Sarkozy. Tout au plus peut-on lui reprocher d’avoir stigmatisé une collectivité, ce qui est forcément injuste dès lors qu’il y a des Roms de toutes sortes et que nombre d’entre eux sont intégrés. Mais la négation du problème Rom est contre-productive : elle empêche la recherche d’une solution. On en est donc à se demander quelle mouche a piqué le MRAP et s’il a si peu d’imagination qu’il n’a pas trouvé de meilleure cause à défendre. Mais, quoi qu’il en soit, le voilà qui, à son tour, fait du ministre un bouc émissaire, pour ne pas dire une victime, qui saura attirer sur elle-même toutes les sympathies.
Un héros de BD.
M. Valls ne court donc pas le risque, dans l’immédiat, de devenir impopulaire. À la façon d’un héros de bande dessinée, le voilà qui sort indemne de tous les incendies et invariablement sec de toutes les tempêtes. Non sans un cynisme qui rappelle celui des ténors de la droite, Jean-François Copé ou François Fillon, le voilà en outre qui affiche ses ambitions : cet homme-là entend devenir Premier ministre et, plus tard, président. Comment voulez-vous que son ascension politique, doublée d’une rare popularité, convienne à Jean-Marc Ayrault, dont il brigue le poste effrontément ? Le chef du gouvernement avait déjà fort à faire, avec le décryptage permanent des intentions de M. Hollande, qu’il sert avec loyauté, mais, depuis quelques mois, avec de l’agacement aussi. Un seul exemple : sur la fameuse pause fiscale, il a dit qu’elle n’aurait pas lieu avant 2015 et non l’année prochaine, alors que le président la donnait presque pour acquise dès cette année. Et M. Ayrault a tenu bon, même si sa sincérité n’a pas levé la perplexité fiscale des contribuables et des entreprises.
Désagréable surprise : l’autorité que le Premier ministre a tant de mal à imposer à ses ministres, auprès du chef de l’État et à l’opinion, est remise en question par M. Valls, qui se conduit comme s’il n’avait de comptes à rendre à personne et s’adresse directement aux Français. Ce n’est pas un hasard si la rumeur d’un départ du Premier ministre court dans les cercles gouvernementaux. Car M. Ayrault n’obtiendra jamais du président la condamnation du ministre de l’Intérieur. Le chef de l’État, qui constate que rien ne va dans le sens d’une amélioration de sa cote de popularité, pourrait envisager un grand coup, par exemple brusquer le destin, sans attendre le résultat des élections municipales.
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