Franck Blandamour, pharmacien à Mortain (Manche), vient en effet de participer à une initiative trop rare. Pour préparer son projet de santé territorial, le directeur de l'hôpital Avranches-Granville, du groupe hospitalier du Mont-Saint-Michel, a commencé par une vaste consultation. Neuf réunions, trois grand public, trois pour les professionnels de santé, et trois tous publics, ont été organisées entre le 22 octobre et le 21 novembre derniers, en différents lieux du secteur, invitant les professionnels, dont les médico-sociaux, les élus, et… le public à s'exprimer sur la santé.
« Nous avons parlé santé en sud-Manche, celle des patients, de l'accès aux soins, de la disponibilité des acteurs de santé. Nous avions un questionnaire facile d'accès, assez ouvert, chacun pouvait exprimer les difficultés, ce qui allait bien. Les pharmacies ont d'ailleurs été citées pour leur accueil », sourit le confrère.
« On avancera quand le patient sera acteur de sa santé, affirme Joanny Allombert, directeur du centre hospitalier. Les gens sont légitimement exigeants, et l'usager a une place à prendre dans la préparation d'un projet de santé de territoire. J'ai été surpris qu'environ trois cents personnes, plus les professionnels libéraux, se soient libérées pour consacrer une soirée à discuter santé. Il y a eu une vraie maturité des débats. »
Des constats partagés
Le sud-Manche est un territoire plutôt rural, comptant 150 000 habitants et137 communes. La population est vieillissante, avec 35 % de plus de 60 ans. Villedieu-les-Poêles, Saint-James et Mortain disposent d'un petit hôpital, autrefois appelé local, dépendant du centre hospitalier. « Quand j'ai recherché des soutiens forts pour ce projet de santé, il m'a fallu 15 à 20 secondes pour convaincre les élus locaux. Le projet est réellement porté par le centre hospitalier et les communautés d'agglomération », précise Joanny Allombert.
Les réunions publiques, dont le bilan sera publié en mars, ont fait apparaître l'attachement à la pharmacie, la difficulté d'accès au médecin, généraliste ou spécialiste, d'où le recours aux urgences, les problèmes de transport et d'éloignement, et les difficultés des personnes âgées. Des constatations bien partagées.
« Il est difficile de communiquer avec l'hôpital, ajoute Franck Blandamour. Le centre anticancéreux se préoccupe bien de la sortie des patients, mais, de façon générale, l'entrée ou la sortie d'un patient et le lien avec la médecine de ville restent un problème. Il est prévu de faire un annuaire hospitalier, que nous connaissions la tête du médecin, son adresse électronique, qu'on puisse lui envoyer un message. Les professionnels de santé ont aussi été invités à visiter la cardiologie. On a bien compris que notre objectif commun est de trouver des solutions pour que tout le monde soit bien soigné. »
En sud-Manche, les élus sont impliqués et accompagnent, par exemple, les créations de Pôles libéraux de santé ambulatoire (PLSA). Deux communautés pluriprofessionnelles territoriales de santé (CPTS) sont en projet, une pour Villedieu-Granville, une pour le reste du secteur.
« L'originalité de la démarche du centre hospitalier dans son projet de santé est d'avoir invité la population à s'exprimer, reprend le pharmacien de Mortain. Il y a eu du monde, et ce n'est pas courant. » Franck Blandamour a aussi apprécié l'implication des professionnels de ville. Ils y étaient invités par le monde hospitalier, ce qui reste aussi peu courant.
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