Sarcopénie

Vieux, mais musclé !

Par

Publié le 25/11/2019

Article réservé aux abonnés

dessin

Si vous avez, comme moi, dépassé la cinquantaine, peut-être avez-vous remarqué que vos muscles sont un peu moins fermes, moins vifs, moins forts qu'à 20 ans… Pas de quoi paniquer pour autant ! Cette sénescence musculaire est parfaitement physiologique, et même si l'activité physique ralentit un peu la chute, celle-ci finit de toute façon par s'arrêter. C'est justement ce phénomène qui a mis la puce à l'oreille de France Pietri-Rouxel et de ses collègues de l'Institut de myologie. En forçant des souris à une sarcopénie accélérée (en déconnectant leurs muscles des motoneurones), ils ont d'abord voulu confirmer le constat. En 6 mois, les souris manipulées avaient perdu 50 % de leur masse musculaire. Mais les six mois suivants, plus rien… « Il devait forcément y avoir un mécanisme de compensation », se souvient France Pietri-Rouxel. Et c'est en cherchant bien que les scientifiques découvrent qu'une protéine embryonnaire, la CaVBeta1E, dont le rôle chez l'embryon est de stimuler la prise de masse musculaire et d'assurer la jonction neuromusculaire, a repris du service. La CaVBeta1E s'exprime à nouveau dans le muscle adulte et active à sa suite une autre protéine circulante GDF5. Ces deux protéines font l'effet d'un bouchon qui empêcherait une baignoire de se vider, illustrent les chercheurs. Le chaînon manquant du cycle responsable de l'arrêt de la sarcopénie est identifié. Fort de cette découverte, les chercheurs décident d'injecter à des souris âgées qui perdent leurs muscles, les protéines CaVBeta1E ou GDF5. Le résultat est étonnant. « Non seulement on arrête la fonte musculaire, mais en plus on augmente leur force », témoigne France Pietri-Rouxel. Vérification faite, cette même protéine CaVBeta1E, diminuée chez la souris, est également diminuée chez l'homme. Des essais cliniques pourraient intervenir dans deux ou trois ans. Objectif du candidat médicament ? Prévenir la sarcopénie chez les personnes âgées. La perte de force musculaire est aujourd'hui la principale cause de chute chez les plus de 75 ans.

Didier Doukhan