C’est en 1912 que le physiologiste anglais Frederick Gowland Hopkins (1861-1947) suggéra que le rachitisme pouvait être associé à un déficit nutritionnel. Il recommanda au Medical Research Committee nouvellement formé d’en faire un objectif de recherche prioritaire, et confia cette mission à un collaborateur, le pharmacologue Edward Mellanby (1884-1955). Ce dernier soumit des centaines de chiots à divers régimes diététiques et, dès 1918, il parvint à induire le rachitisme en les nourrissant pendant 3 à 4 mois de lait, de riz, d’avoine et de sel. Surtout, il prouva qu’une supplémentation en beurre, lard ou huile de foie de morue avait une action prophylactique de l’affection. Populaire en Europe du nord, l’huile de foie de morue y était utilisée depuis le XVIIIe siècle comme fortifiant, pour prévenir la tuberculose et traiter les rhumatismes. À Paris, Armand Trousseau (1801-1867) en préconisait l’usage dans sa Clinique médicale de l’Hôtel-Dieu (1861) mais son conseil demeura confidentiel. Ce ne fut donc qu’après la publication de Mellanby que le rachitisme régressa - il avait quasiment disparu à Londres dès les années 1930.
Mellanby crut que ce principe antirachitique était peut-être la vitamine A dont l’étude était alors à la mode, mais Hopkins montra que l’activité vitaminique A de l’huile de foie de morue était supprimée par l’oxygène : par contre, cette oxydation n’en modifiait pas l’activité antirachitique. Le biochimiste américain Elmer Mc Collum (1879-1967) confirma en 1922 qu’une exposition durable de l’huile à l’oxygène ne réduisait pas son activité. Le mystérieux facteur antirachitique fut nommé vitamine D en 1925. Mais l’histoire ne s’arrêta pas là.
UV en action
Au cours de l’hiver 1918-1919, un médecin berlinois, Kurt Huldschinsky (1883-1940), avait traité des enfants rachitiques en les exposant aux rayons ultraviolets émis par une ampoule à vapeur de mercure. Son observation fut corroborée à New-York par Alfred F. Hess (1875-1933), qui eut l’intuition géniale que ces rayons agissaient en activant une provitamine : il montra en 1924 que l’irradiation de certains aliments leur conférait bien des propriétés antirachitiques, mais fut malheureusement doublé sur la corde par un élève de Mc Collum, Harry Steenbock (1886-1967), qui breveta sa découverte et gagna ainsi des millions de dollars, en traitant notamment le lait.
Hess ne tarda pas à établir que la substance transformée en vitamine D par l’irradiation d’huiles végétales était un stérol. Il s’associa au chimiste Adolf Windaus (1876-1959, Prix Nobel de chimie 1928), à Göttingen, pour isoler cette provitamine : finalement, aidés par le physicien allemand Robert Pohl (1884-1976), tous deux montrèrent en 1927 qu’il s’agissait de l’ergostérol. Cinq ans plus tard, Windaus isola le dérivé actif de l’ergostérol : l’ayant nommé vitamine D2 (pour le distinguer du complexe de stérols qu’il avait un temps tenu comme la vitamine pure), il en élucida la structure en 1936 (ergocalciférol). En 1937, Windaus montra que l’irradiation du 7-dehydrocholestérol, présent dans la peau et dans les aliments d’origine animale, induisait la formation d’une autre vitamine D, la vitamine D3 (cholécalciférol), expliquant ainsi le rôle antirachitique des UV.
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