Plusieurs études françaises et étrangères montrent que les notices sont lues en moyenne par neuf patients sur 10, et ce d’une manière complète et systématique par la moitié d’entre eux. Toutefois, ce sont les passages relatifs aux effets indésirables qui sont le plus consultés par les patients. Régis par des règles européennes transcrites dans les lois nationales, le contenu et la lisibilité des notices font régulièrement l’objet de refontes ou de modifications. L’Agence européenne du médicament (EMA) et la Commission européenne préparent actuellement une « dématérialisation » des notices et en ont présenté les grandes lignes aux associations de professionnels de santé et de patients.
Le Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE), qui représente à Bruxelles les pharmaciens d’officines auprès des institutions de l’UE, vient de publier ses observations. Le GPUE, présidé cette année par la France, en la personne d’Alain Delgutte, fait sien un certain nombre d’arguments avancés par l’EMA et la Commission. Il relève en particulier la possibilité d’actualiser rapidement les notices dématérialisées, mais aussi de les enrichir d’informations ne pouvant figurer sur les notices traditionnelles faute de place. En outre, les notices électroniques téléchargeables peuvent être transférées et lues sur n’importe quel support, depuis le smartphone jusqu’aux grands écrans souvent utilisés par les personnes mal voyantes. Elles peuvent aussi être consultées instantanément dans toutes les langues de l’Union, et s’adaptent facilement aux situations individuelles propres à chaque patient.
Les remarques des pharmaciens
Toutefois, relève le GPUE, les personnes ne maîtrisant pas les ressources électroniques ou n’y ayant pas accès sont nombreuses dans les patientèles des pharmacies : certes, il n’est pas question de supprimer les notices papier, mais comment fournir les documents électroniques aux patients non équipés pour les recevoir ? Les pharmaciens s’opposent fermement à l’idée, évoquée dans le projet européen, de charger les officines d’imprimer elles-mêmes des versions papiers de la documentation électronique pour la fournir aux patients. Ceci constituerait, à leurs yeux, une perte de temps incompatible avec leurs véritables missions, sans compter les contraintes matérielles et financières entraînées par de telles obligations.
En outre, les pharmaciens estiment que les futures notices électroniques doivent garantir la confidentialité des patients qui les consultent, mais aussi échapper à tout risque de modification intempestive, notamment à des fins promotionnelles : il importe que leur rédaction et leur diffusion restent strictement encadrées par les autorités pharmaceutiques. Enfin, le GPEU rappelle que les conseils sur l’utilisation et le bon usage des médicaments constituent l’une des missions essentielles des pharmaciens : les futures notices pourront compléter et enrichir l’échange avec le patient au comptoir, mais ne sauraient en aucun cas le remplacer. En Suède et en Espagne d’ailleurs, les patients peuvent déjà scanner leurs boîtes de médicaments, et aboutissent sur des pages associant leur pharmacie à cette consultation.