- C'est toi Marion, qui remplace Julien. Et puis nous avons proposé à Lou de rester quelques mois, maintenant qu'elle est préparatrice diplômée. Par contre, nous n'avons pas trouvé de nouvelle apprentie cette année, explique Karine, posément.
- Et puis Théo va venir en dépannage les samedis et pendant les vacances, ajoute J-C.
Face aux titulaires, Marion et Jean-Paul écoutent attentivement.
- L'activité est intense et on sent que les patients ont du mal à attendre quand il y a du monde, tente l'adjointe.
- Écoute Marion, la situation est difficile et malheureusement, elle est partout pareille. Les clients avaient peut-être l'habitude qu'on les serve plus rapidement, mais ça change. Moi le premier, ça me met mal à l'aise quand je vois la queue s'allonger. Mais à quatre pharmaciens plus quatre préparateurs, nous sommes suffisamment dans l'équipe. Sans compter Gisèle et Maryline à la logistique…
- Sans être plus, peut-être qu'on pourrait mieux s'organiser. Pour la vaccination contre la grippe par exemple, est-ce qu'il ne serait pas mieux de prévoir des rendez-vous ?, propose Marion.
- Ça veut dire prise de rendez-vous, et donc secrétariat… C’est chronophage également.
- Mais c'est ce que nous faisons déjà pour les rappels de Covid…
- Tu as raison. Il y a certainement une meilleure organisation à mettre en place. Je te propose qu'on y réfléchisse toutes les deux avant de soumettre aux autres. Je dois vous laisser, le Laboratoire Temyran m'attend.
De retour dans l'espace client, les pharmaciens se dispersent pour s'occuper des visiteurs. Alpagué par Théo, J-C se retrouve face à un plateau de champignons et un cueilleur pressé d'en finir pour dévorer son butin mycologique.
Au comptoir le plus excentré, Christèle sert une cliente impatiente. Après avoir observé l'ordonnance, la préparatrice regarde la femme et lui dit :
- Vous n'avez pas une ordonnance plus récente ? Celle-ci date de janvier et elle a déjà été renouvelée 2 fois, alors qu'elle n'était que pour six mois initialement.
- Oui je sais, mais je n'ai pas pris le temps de prendre en rendez-vous avec le médecin. C'est toujours difficile avec lui. Et puis, ce n'est qu'une pilule…
Cette conclusion agace Christèle :
- Ce n'est pas qu'une pilule, c'est un médicament. Si le médecin l'a prescrite pour six mois, c'est peut-être qu'il avait une raison, qu'il voulait faire le point avec vous ?
- Bon, alors vous ne me donnez qu'une plaquette. Il me la faut, s'impatiente la femme.
- Je n'ai pas la boîte d'une plaquette. Et puis vraiment, nous sommes en octobre, votre ordonnance est terminée depuis juin. Nous avons déjà fait un renouvellement, mais là…
- Bon écoutez, pour une pilule, c'est bien compliqué. Je vais appeler le médecin, au revoir.
De retour dans le back-office, Christèle dit à Marion et Karine :
- J'ai fait mon Jean-Paul. J'ai fait celle qui ne voulait rien entendre. J'ai refusé de renouveler une pilule, parce qu'on avait déjà fait un renouvellement exceptionnel de trois mois. Je sais bien que, légalement parlant, j'aurais pu renouveler pour six mois maximum, parce que l'ordonnance datait de moins d’un an. Mais, elle m'a dit « c'est juste une pilule », comme si c'était un bonbon. Ça m'a énervé. Bref, j'ai fait ma tête de cochon, comme Jean-Paul…
- En plus, je la connais cette cliente. Elle fait le tour des pharmacies… Tu as eu raison. Il y a la réglementation et la sécurité du patient. Tu as privilégié la deuxième notion, et ça peut se justifier, répond Karine avant de retourner avec la représentante de Temyran.
(À suivre…)