« Le monde est alimenté par la consommation, ce n’est pas optimiste, ni plein d’espérance. Les gens ont besoin de silence, de paix, dans un monde en effervescence. La parole est essentielle. » Dans la pharmacie du Pont-au-Briques, à Saint-Etienne-au-Mont (Pas-de-Calais), le ton de Christophe Yvart est inhabituel.
Ce confrère, « qui a toujours été très familial », père de cinq enfants, est devenu diacre dans l’Église catholique, le 1er octobre 2022, à 56 ans. Cet ordre lui confère le pouvoir de confesser et de prêcher. Dans l’église, bimillénaire, cet ordre laïc n’a été renouvelé que depuis le Concile Vatican II, dans les années 1960.
« Le diaconat est un cheminement auquel on est appelé par sa paroisse. La formation est longue - 6 ans -, comprend des périodes de « discernement », laissées à l’Église ou au candidat, et qui permettraient de revenir en arrière. »
« Le diacre est dans le monde, poursuit Christophe Yvart, c’est la figure du Christ dans le monde, avec ses faiblesses, ses travers, comme tout le monde. »
Dans la ville, le diacre célèbre des baptêmes, des mariages, des enterrements. « Il y a beaucoup à faire dans l’écoute, on n’est pas là pour le prosélytisme, pas pour faire la morale. Écouter, ce n’est pas juger une personne, seulement peut-être un fait. » Selon le confrère, « la parole est essentielle ; Dieu donne la parole qui est lumière, une bougie dans les ténèbres ».
En charge des handicapés
Dans ce pays boulonnais, l’actualité est menée depuis déjà longtemps par la présence des migrants. Mais l’évêque d’Arras, auquel est rattaché Christophe Yvart, lui a confié le monde du handicap, « un monde que je ne connaissais pas ». Le diacre s’est donc rapproché de Foi et Lumière, un mouvement international fondé en 1971, présent aujourd’hui dans quatre-vingt-six pays.
L’association s’adresse aux handicapés, bien sûr, mais aussi aux parents, aux frères et sœurs, aux amis, aux aumôniers. « À l’égard des migrants, des handicapés, des pauvres, le Christ nous a montré l’exemple : l’Église a des responsabilités vis-à-vis d’eux tous, même si le problème relève de la politique. »
Le confrère est conscient de l’étonnement lorsqu’on le voit dans le chœur de l’église pour un enterrement, un baptême, lui, le pharmacien. « Mais les gens croient encore à quelque chose, Dieu intervient encore, j’en suis convaincu. » Lui, le diacre, est aussi attaché « à la prière des heures », les laudes le matin, les vêpres le soir – ou les complies -, des prières pour les gens, pour l’Église.
« Où est le bonheur, s’interroge-t-il ? Ce n’est pas une question de nourriture, ou de boisson, mais de justice, de paix, de joie. Tout le monde voudrait les seconds, et court vers les premiers. »