* À Paris Photo, au Grand Palais Éphémère du 10 au 13 novembre, 183 exposants de 31 pays, le meilleur de la création internationale avec aussi la création émergente et la contribution des femmes à l’histoire de la photo. (parisphoto.com)
* Au Jeu de Paume et au BAL, « Renverser ses yeux. Autour de l’arte povera, 1960-1975 : photographie, film, vidéo ». En réponse au pop art américain et à la scène conceptuelle internationale, l’arte povera rapproche l’art et la vie. Dans cette exposition en duo, 250 œuvres de 49 artistes interrogent le rapport au temps et à l’espace. Déconstruction du réel et de ses représentations, interrogation sur la notion d’identité et le rôle de l’auteur. Dans les tableaux miroirs de Michelangelo Pistoletto, le regardeur est aussi dans l’œuvre. Dans le mouvement lancé en Italie par Germano Celant, on trouve Giuseppe Penone, Claudio Abate, Ugo Mulas, Giulio Paolini, Alighiero Boetti, Piero Manzoni… (jusqu'au 29 janvier, lebal-photo.fr et jeudepaume.org)
* À la Bourse de commerce, l’Albanais Anri Sala, qui explore dans ses vidéos le monde, le politique, l’intime et l’histoire. Une musicienne tente de retrouver son orchestre dans Sarajevo assiégée avec dans la tête la « Symphonie n°6 » de Tchaïkovski. Une platine dans une station spatiale joue le « Quatuor pour la fin du temps » qu’Olivier Messiaen a composé dans un camp en Pologne (1940) pour un ami clarinettiste et qui a été repris au saxophone pour l’astronaute McNair, disparu dans la navette Challenger. Deux pianos mécaniques jouent en même temps « la Marseillaise » et « l’Internationale ». Révolution, socialisme, résistance. (Jusqu’au 2 janvier, bourse de commerce.fr)
* Au Louvre, une nouvelle vision de la nature morte, cette fois bien vivante, s’écrit avec « les Choses ». L’histoire de la nature morte, notre histoire depuis les débuts de l’humanité, avec nos peurs, nos croyances et nos doutes. Dans l’antiquité, la nature morte donne forme à la vie et à la mort : les haches de 3 500 ans, symbole de puissance, sont votives, le crâne du Ier siècle avant JC renvoie au sacré, à la vie après la mort. Du VIe au XVIe siècles, elle est au service de la chrétienté. Puis avec le développement du commerce, elle reflète nos envies ; à une accumulation de richesses succède la recherche de rareté des cabinets de curiosité. Le retour aux choses banales se fait jour au XVIIIe dans la lignée de Chardin, avec Manet, les impressionnistes, Gauguin, Matisse, Nolde. Et c’est le porte-bouteilles de Marcel Duchamp en 1914 qui fait éclater les codes de la représentation, jusqu’à nos jours. Le dialogue de 170 œuvres anciennes et contemporaines des plus grands artistes (Snyders, Zurbarán, Luis Egidio Meléndez, Arcimboldo, Géricault, De Chirico, Goya, Miró, Nan Goldin…) commence avec « le Pilier des migrants disparus », des ballots empilés du Camerounais Barthélémy Toguo, qui symbolisent l’exil. « Choses, choses, choses qui en disent long quand elles disent autre chose », écrivait Henri Michaux. (Jusqu’au 23 janvier, louvre.fr)
* Au Petit Palais, « Walter Sickert. Peindre et transgresser ». Né en Allemagne d’un père danois et d’une mère anglo-irlandaise, Sickert (1860-1942) vit en Angleterre mais passe 15 ans de sa vie en France. Acteur, il s’inscrit aussi à la Slade School of Fine Art et entre dans l’atelier de Whistler, adoptant sa peinture tonale. De Degas, son ami, il retient des compositions très construites. Premières séries, les music-halls, où il joue des points de vue, des cadrages et des effets de miroir. Après quelques portraits, il s’installe à Dieppe, station balnéaire à la mode, et regarde dans ces vues de la ville les impressionnistes, les fauves et les nabis. Ce qu’il poursuit à Venise, passionné d’architecture. Nouvelles séries au tournant du siècle, des nus désérotisés qui évoquent la misère sociale et des scènes de vie intimes. Virginia Woolf commente ainsi « l’Ennui » : « L’horreur de la situation tient au fait qu’il n’y a pas de crise ; de mornes minutes passent, de vieilles allumettes s’entassent avec des verres sales et des mégots de cigares. » Complexité des relations humaines. Puis il trouve « le meilleur moyen du monde de faire un tableau » : des photos et illustrations de presse agrandies et transposées en peinture pour de nouveaux sujets politiques et aussi de théâtre. Une modernité regardée par Lucian Freud, Francis Bacon, Andy Warhol et Gerhard Richter. (Jusqu'au 29 janvier, petitpalais.paris.fr)
* À Roubaix, à La Piscine, « William Morris. L’art dans tout ». Ville industrielle textile, Roubaix a eu de 1840 à 1968 de très importants échanges avec l’Angleterre. Une raison de célébrer William Morris (1834-1896), un des fondateurs du mouvement Arts and Crafts, dont la devise « L’art dans tout et pour tous » était une réaction à la révolution industrielle. Il est dessinateur, auteur, éditeur, avec ses amis préraphaélites Burne-Jones, Rossetti… Un esprit qui se perpétue jusqu’à aujourd’hui avec la céramiste Odile Levigoureux et les artistes Hugo Laruelle et Luke Newton. (Jusqu'au 8 janvier, roubaix-lapiscine.com).