La Pharmacie du Marché

Comme une odeur de vaccin

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Publié le 03/08/2021

Cet été, le « Quotidien du Pharmacien » vous propose de nouveaux épisodes de son feuilleton « La Pharmacie du Marché ». On y suit les histoires de Julien, jeune pharmacien adjoint, qui travaille avec l’équipe de Jean-Christophe et Karine, co-titulaires. Il y a une autre adjointe (Juliette), trois préparateurs (Nicole Bertin, Damien, Christèle), une apprentie préparatrice (Lou) et deux employées (Gisèle et Maryline). Leurs aventures officinales se déroulent en janvier 2021, toujours au coeur de l’épidémie de Covid-19.

Dans ce premier épisode, les questions autour de la vaccination inondent les conversations à la Pharmacie du Marché. Karine et Julien font les démarches pour approvisionner un centre de vaccination récemment créé sur leur territoire.

ARS

« Vous écoutez France Info, notre invité ce matin : Gilles Bonnefond, président de l'USPO, syndicat de pharmaciens d'officine. Gilles Bonnefond, vous militez depuis plusieurs semaines pour intégrer les pharmacies dans la stratégie vaccinale. Comment accueillez-vous la récente déclaration de la HAS ?.…»

- Besset sur RTL, Bonnefond sur France Info… Pour dire toujours les mêmes choses. M'agacent…, bougonne J-C tout en éteignant son poste radio.

- Au moins, ils font ce qu'on leur demande : ils représentent la profession, ils font entendre la voix des pharmaciens. Même si, pour une fois, je suis assez d'accord avec toi : à pleurer la vaccination à l'officine, on risque d'avoir un retour de bâton, répond Karine, le combiné du téléphone collé à l'oreille. Ah ! Bonjour, Karine Dupré, pharmacienne à la Pharmacie du Marché. Est-ce que vous pourriez me passer M. Tricard, ou la personne qui s'occupe de l'approvisionnement en vaccins contre le Covid ?

Elle regarde J-C, désespérée qu'on la balade de service en service depuis près d'une heure.

- Ça fait 40 minutes qu'on me passe tous les services de l'ARS. Julien, tu as réussi à joindre l'hôpital ?

À l'autre bout du bureau, Julien est lui aussi au téléphone :

- Le chef de service ne répond pas. Il faut vraiment qu'on se crée un groupe WhatsApp pour communiquer en direct.

Julien s'interrompt ; son interlocuteur est en ligne.

- Toujours pas de DGS-Urgent ? Elle dégaine toujours au dernier moment celle-là. Le ministre annonce l'ouverture de la vaccination aux plus de 75 ans ; on nous dit qu'on est inclus dans le dispositif d'approvisionnement, mais on a zéro info. Bon, je vous laisse gérer ça. Vous êtes plus patient que moi. Je vais aider au comptoir, lance J-C en sortant du bureau.

Dans la pharmacie, tous les postes sont occupés. Les questions fusent autour des vaccins contre le Covid, suite à l'annonce du Gouvernement d'élargir plus tôt que prévu la cible vaccinale.

- Bonjour Madame Legros, je vais m'occuper de vous, dit J-C à une patiente qui attend.

- Bonjour Monsieur Pontignac. Moi c'est Madame Legrand, pas Madame Legros, répond poliment la femme, petite et rondouillarde.

- Je vous avais confondue, toutes mes excuses. Avec le masque…

« Il a bon dos le masque », pense Damien qui a tout entendu de la conversation. Le préparateur s'occuper de Mme Garnereau, une patiente très dépressive qui se parfume à l'excès.

Karine sort du bureau à son tour. Elle a enfin pu joindre le directeur de l'antenne départementale de l'ARS et organiser la commande de 10 flacons du vaccin Pfizer BioNTech destiné au centre de vaccination initié par le Dr Breton. Elle s'approche de Nicole Bertin et lui souffle à l'oreille :

- Nicole, vous devez y aller. Votre rendez-vous pour vous faire vacciner… Je vais vous remplacer.

Nicole Bertin, la doyenne de la pharmacie, est la seule de l'équipe éligible à la vaccination, du fait de son âge. Son rendez-vous est prévu ce matin à 11 h 00.

Karine se tourne vers Damien au comptoir d'à côté, puis observe Mme Garnereau. Un large sourire s'étale sur le visage de la titulaire : elle sent ! Elle sent le parfum de la patiente, elle qui depuis son épisode de Covid n'avait toujours pas retrouvé l'odorat. Son sourire s'efface rapidement. Une autre odeur, moins agréable, la préoccupe mais elle n'arrive pas à l'identifier.

(À suivre…)

 

 

David Paitraud

Source : Le Quotidien du Pharmacien