►DASRI ?
Deux types de déchets d'activité de soins à risque infectieux peuvent être rapportés par le public à l'officine : les DASRI piquants, coupants, tranchants (PCT) – aiguilles, seringues avec aiguilles, lancettes, autopiqueurs, cathéters (...) - générés par les patients en autotraitement* (diabète, hépatite virale, insuffisance rénale, maladies auto-immunes…) et les DASRI produits par les utilisateurs d'autotests de diagnostic de maladies infectieuses transmissibles (VIH). Le pharmacien peut également produire des déchets à risque infectieux au sein de l'officine. Ces DASRI résultent habituellement des actes de vaccination contre la grippe, mais, récemment, la crise sanitaire due au Covid-19 a vu l'émergence de nouveaux déchets à risque au sein de l'officine, issus des TROD - sérologiques, antigéniques et PCR – voués à détecter l'infection. Certains d'entre eux, ne présentant pas de caractère perforant, sont appelés des DASRI « mous ». Les dispositifs de protection contre le risque d'infection (blouses, masques, gants, charlottes), pour leur part, constituent des déchets de soin à risque potentiel.
►Le rôle de l'officine
L'officine a un rôle important dans la gestion des DASRI. Elle distribue aux patients les boîtes à aiguilles destinées à collecter leurs déchets à risque et récupère les conteneurs pleins qui lui sont rapportés. Elle informe les patients de leur responsabilité dans l'utilisation et la collecte des boîtes. D'un point de vue légal, l'officine doit « remettre gratuitement, aux patients dont l'autotraitement comporte l'usage de matériels ou matériaux piquants ou coupants, un collecteur de déchets d'un volume correspondant à celui des produits délivrés » (article R. 1335-8-3 du code de la santé publique). Cependant, jusqu'à récemment, l'officine n'était tenue de collecter gratuitement les DASRI perforants produits par les patients en autotraitement et les utilisateurs des autotests que sur la base d'une démarche volontaire. Depuis février 2020, la loi Agec (anti-gaspillage en faveur d'une économie circulaire) a modifié l'article L4211-2-1 du CSP en rendant cette collecte obligatoire pour toutes les officines. Des sanctions sont prévues en cas de non-respect de ces obligations.
►Le rôle de DASTRI
En décembre 2012, l'éco-organisme DASTRI s'est vu confier par les autorités publiques la collecte et le traitement des déchets d'activité de soins à risque infectieux perforants produits par les patients en autotraitement. La structure assure donc plusieurs missions essentielles : la mise à disposition gratuite des boîtes à aiguilles jaunes à couvercle vert uniquement dans les pharmacies d'officine ; la collecte et l'élimination de ces contenants. Dans la pratique, l'officine commande les boîtes sur le site de l'organisme qui les livre en 5 jours ouvrés. En fin de parcours, des opérateurs DASTRI récupèrent les collecteurs qui sont destinés à l'incinération s'ils ne contiennent pas de composants électroniques, au recyclage dans le cas contraire. La collecte auprès des pharmacies, qui dépend de la quantité de déchets stockés, a généralement lieu entre deux et quatre fois par an (le CSP prévoit une fréquence semestrielle pour une quantité inférieure à 15 kg/mois sur un an).
L'éco-organisme est également en charge d'informer les patients de son activité, par le biais des associations de patients, des réseaux sociaux, d'un numéro vert, mais aussi des officines qui peuvent distribuer à leur clientèle la carte Mémo Patients qui rappelle les bons gestes du tri.
►Les collecteurs
En 2021, les fameuses boîtes à aiguilles jaunes à couvercle vert ne présenteront plus trois contenances mais deux : un grand modèle prévu pour accueillir toute sorte de DASRI. Sa capacité permet de stocker une importante quantité de déchets et limite les déplacements au point de collecte ; un petit modèle est proposé en priorité aux utilisateurs d'autotests VIH, aux personnes itinérantes, aux patients sous traitement de courte durée, aux enfants. Une boîte en carton vouée à recueillir les pompes omnipods des patients équipés sera également disponible à l'officine courant 2021.
►Le stockage
Qu'ils soient ramenés par le patient à l'officine ou produits sur place par le pharmacien, les déchets à risque doivent être gérés selon certaines règles afin de sécuriser leur stockage. Le flux des DASRI issu des patients est entreposé dans un grand carton jaune muni de poignées, marqué au sigle de DASTRI et fourni par l'éco-organisme. Le matériel utilisé par le pharmacien pour vacciner le public doit être déposé dans une grande boîte à aiguille, affichant clairement la mention « Vaccination », prévue pour recevoir une centaine de vaccins. Ce contenant peut également accueillir les tests du Covid-19 qui contiennent un autopiqueur. Une fois fermée, la boîte à aiguilles est placée dans le carton DASTRI. Ce carton de 50 litres sera directement utilisé pour stocker les trois composants – écouvillon, tube, cassette – des tests PCR qui ne renferment pas d'élément perforant. Enfin, les équipements de protection individuelle portés par les membres de l'équipe peuvent être placés dans un sac-poubelle doublé et fermé pendant 24 heures avant d'être jeté aux ordures ménagères. Quant à la caisse en carton, elle doit être entreposée dans le back-office et signalée par une affiche au mur fournie par DASTRI. Si la quantité de déchets entreposés ne dépasse pas 15 kg par mois, l'officine n'est pas tenue d'aménager spécialement des locaux pour les stocker.
►Éviter les erreurs
Au moment de délivrer la boîte à aiguilles au patient, le pharmacien doit bien clipser le couvercle vert sur la cuve jaune afin qu'elle soit sécurisée. Au retour, lorsque le patient ramène sa boîte à l'officine, le pharmacien doit s'assurer qu'elle est fermée définitivement et non provisoirement, ce qui peut arriver. C'est alors au patient de sceller le récipient afin d'éviter que toute autre personne ne se blesse avec un déchet perforant. Si le patient rapporte des DASRI sans les avoir collectés dans la boîte sécurisée, le pharmacien devra lui demander de les placer dans un collecteur jaune que le patient devra sceller avant qu'il ne rejoigne le carton DASTRI.
*L'arrêté du 23 août 2011 (en application de l'article R. 1335-8-1 du CSP), modifié par les arrêtés du 4/5/2016 et du 18/12/2017, précise la liste des pathologies conduisant les patients en autotraitement à produire des DASRI perforants.
Sujet réalisé en collaboration avec l'éco-organisme DASTRI.