La Haute Autorité de santé (HAS) émet plusieurs pistes pour soustraire les prescripteurs à l'influence de l'industrie pharmaceutique. Ces préconisations paraissent à peine une semaine après la condamnation d'Urgo pour avoir offert des cadeaux à des pharmaciens en contrepartie de l'abandon de remises commerciales.
La promotion des produits de santé est décidément dans la cible des autorités. Alors que la DGCCRF a annoncé le 27 janvier mettre le Laboratoire Urgo à l'amende pour avoir sollicité la faveur de quelque 8 000 pharmaciens en leur remettant des cadeaux en nature, c'est au tour de la HAS de dénoncer des pratiques similaires, concernant cette fois les médecins.
La HAS indique ainsi que, « même si les stratégies de communication des industriels ont considérablement évolué, le démarchage est encore aujourd'hui l'un des outils de promotion privilégié par les laboratoires pharmaceutiques. Il peut prendre la forme d'entretiens individuels, mais aussi de rencontres collectives, conférences, contacts lors de congrès », détaille la HAS. Or plusieurs études mettent en évidence « un lien statistique entre ces actions promotionnelles et les comportements de prescriptions : augmentation des volumes, orientation vers les nouveautés et les produits les plus coûteux ».
La France n'est pas le seul pays où s'exercent de telles pratiques, puisque la HAS a établi cette analyse après avoir étudié 199 études et 12 revues systématiques publiées dans plus de 30 pays. De plus, ces usages tendent aujourd'hui à se réduire à destination des praticiens de ville et à privilégier ceux exerçant à l'hôpital.
En France, les visites médicales et autres méthodes de démarchage sont réglementées à plusieurs niveaux : sur la publicité, les échantillons offerts, les cadeaux… La HAS contribue à la régulation « en élaborant les référentiels qui permettent à des organismes tiers de certifier la conformité des entreprises à des chartes visant leurs activités de démarchage et de prospection en faveur des produits de santé remboursés ». Elle annonce que ce système en vigueur pour les médicaments inclura bientôt les dispositifs médicaux.
Pour la HAS, l'encadrement du démarchage ne pourra pas se faire sans l'implication des professionnels sollicités. Elle propose donc que des règles uniformes de gestion des contacts avec les représentants de l'industrie soient définies et applicables aux entreprises, aux établissements de santé et aux établissements médico-sociaux. Elle estime par ailleurs indispensable de former les futurs professionnels à l’analyse de l’information promotionnelle et aux techniques marketing. Enfin, la HAS suggère de faciliter l'accès aux informations sur les nouveaux traitements et d'en diversifier les sources.