Cinq minutes pour faire passer un message de santé publique. C’est le concept développé conjointement par l’assurance-maladie et les syndicats de pharmaciens avec le premier entretien d’accompagnement dit court, en l’occurrence dédié à la femme enceinte. Le principe : l’informer sur les risques liés à la consommation de substances fœtotoxiques ou tératogènes pendant la grossesse et la sensibiliser à l’importance de la vaccination.
Pour accompagner les confrères à utiliser ce nouvel outil, un atelier a été proposé lors du récent e-congrès de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). La première étape est d’identifier la patiente. « On peut le faire très en amont, lors d’une demande de tests d’ovulation ou de grossesse, et proposer à la patiente de nous alerter dès le début de sa grossesse », explique Catherine Hourtiguet, vice-président de l’USPO et titulaire à Lormont (Gironde). Un repérage est aussi possible lors de la délivrance d’acide folique, une prescription qui a généralement lieu en tout début de grossesse, voire avant même la conception. Ces deux méthodes permettent d’intervenir dès que la femme tombe enceinte. Bien que l’entretien puisse être proposé tout au long de la grossesse, il est intéressant d’informer la patiente le plus tôt possible, d’autant que les risques tératogènes ou fœtotoxiques atteignent leur maximum les deux premiers mois.
Motiver l’entretien
« Une fois que la patiente est identifiée, il faut la motiver en expliquant le but de l’entretien, sa durée de quelques minutes et préciser que c’est un accompagnement qui a été voulu et financé par l’assurance-maladie », ajoute Catherine Hourtiguet. L’entretien peut ensuite commencer par une question sur la prise de traitements chroniques. « Si c’est le cas il faut identifier les médicaments utilisés et évaluer leur risque tératogène ou fœtotoxique. Lorsque le risque est confirmé, il est nécessaire d’insister auprès de la patiente pour qu’elle prévienne immédiatement son prescripteur et pour qu’elle n’arrête jamais son traitement médical de sa propre initiative. C’est au prescripteur de déterminer la balance bénéfices-risques et au besoin d’adapter son traitement », détaille la vice-présidente de l’USPO.
La question suivante s’intéresse à la prise de médicaments sans ordonnance et à la réutilisation de médicaments dans l’armoire à pharmacie. « En fonction des habitudes énoncées, nous nous devons de faire quelques rappels. Un médicament n’est jamais anodin, même les plus courants comme l’ibuprofène ou l’aspirine. Aucun traitement ne doit être pris sans s’être au préalable renseigné auprès d’un professionnel de santé. Un rappel qui vaut aussi pour les compléments alimentaires, les produits de phytothérapie, les huiles essentielles… Il ne faut pas oublier que certains sirops, même homéopathiques, contiennent de l’alcool. Et qu’un effet indésirable peut survenir après une prise unique », insiste la titulaire. Les futures mamans peuvent orienter leurs choix en vérifiant la présence du pictogramme femme enceinte sur le conditionnement des médicaments. Elles doivent aussi bien comprendre que l’alcool et le tabac sont fortement contre-indiqués durant toute leur grossesse.
Vaccins recommandés
La sensibilisation à la vaccination permet ensuite de faire le point sur les vaccins recommandés pendant la grossesse, comme ceux contre la grippe et le Covid, et d’indiquer que le rappel contre la coqueluche peut être réalisé à partir du 2e trimestre de grossesse. L’entretien se termine avec la remise d’un dépliant élaboré par l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) et disponible sur le site du CESPHARM sur « Médicaments et grossesse, les bons réflexes ». Il est aussi possible d’envoyer des liens aux informations dédiées sur le site de l’ANSM et celui de l’assurance-maladie en utilisant la messagerie de santé sécurisée.
Pour être rémunéré de cette mission (5 euros TTC), le pharmacien doit facturer en utilisant le code acte EFE. Aucun scan d’ordonnance n’est nécessaire. La prise en charge est de 70 % par l’assurance-maladie (et de 30 % par la complémentaire) les cinq premiers mois de grossesse, elle est de 100 % dès le 6e mois et jusqu’à l’accouchement.
D'après une conférence du e-congrès de la pharmacie organisé par l'USPO.