Depuis le signalement en juin dernier par le comité consultatif des Centers for Disease Control and Prevention américains (CDC) d'un lien probable entre la vaccination à ARNm et des myocardites chez les moins de 39 ans, « la recherche ne trouve que des cas peu fréquents et pour la plupart bénins », a commenté le Pr Donald Lloyd-Jones, président de l'American Heart Association, dans un communiqué, insistant sur les bénéfices de la vaccination, malgré « les risques très rares d'événements indésirables, y compris la myocardite ».
En France, une étude de pharmaco-épidémiologie d’EPI-Phare (groupement d’intérêt scientifique ANSM-Cnam) a caractérisé le risque de myocardite et de péricardite avec les vaccins à ARNm chez les sujets âgés de 12 à 50 ans en France (919 cas de myocardites et 917 de péricardites ont été recensés entre le 15 mai et le 31 août 2021). Publiée début novembre, elle confirme l’existence d’un risque peu fréquent de myocardite et péricardite dans les 7 jours suivant la vaccination, particulièrement chez les jeunes de 12 à 29 ans et avec le vaccin Spikevax.
La douleur thoracique quasi systématique
Pour mener leur étude, les auteurs se sont penchés sur les cas de patients de moins de 21 ans s’étant présentés avant le 4 juillet avec une myocardite suspectée dans les 30 jours suivant la vaccination dans 26 hôpitaux des États-Unis et du Canada. Au total, ont été inclus 139 adolescents et jeunes adultes (90,6 % d’hommes, 66,2 % de Blancs, âge médian de 15,8 ans) avec 140 épisodes de myocardite suspectée (49 confirmés et 91 probables, selon la définition des CDC) .
« Des recherches antérieures montrent que cet effet secondaire rare est associé à d'autres vaccins, notamment le vaccin contre la variole », souligne la Pr Jane Newburger, pédiatre et membre du Conseil de l'American Heart Association sur la santé cardiaque des jeunes, ajoutant que les données actuelles sur les symptômes, la gravité des cas et les résultats à court terme sont limitées.
Une myocardite suspectée est survenue chez 136 patients (97,8 %) après le vaccin à ARNm, dont 94,2 % suite au vaccin Pfizer/BioNTech et 91,4 % après la 2e dose. Les symptômes ont commencé à une médiane de 2 jours après la vaccination. La douleur thoracique était le symptôme le plus fréquent (99,3 %). De la fièvre et un essoufflement sont survenus respectivement chez 30,9 % et 27,3 % des patients.
Les patients ont été traités par anti-inflammatoires non stéroïdiens (81,3 %), par voie intraveineuse immunoglobulines (21,6 %), glucocorticoïdes (21,6 %), colchicine (7,9 %) et 8,6 % sont restés sans traitement. Environ un patient sur cinq (18,7 %) a été admis en soins intensifs, mais il n'y a eu aucun décès et aucun n'a nécessité d'ECMO. La plupart des patients ont été hospitalisés pendant deux ou trois jours.
« Cette étude confirme que les personnes identifiées et traitées tôt et de manière appropriée pour une myocardite liée au vaccin Covid-19 présentent généralement des cas bénins et des temps de récupération courts », souligne le Pr Donald Lloyd-Jones. L’étude ne permet en revanche pas de répondre sur les résultats à plus long terme, par manque de données de suivi. Elle ne propose pas non plus d’estimations de la prévalence et de l’incidence de cette complication rare ou de la balance risque/bénéfice.
Les auteurs invitent à diffuser des informations sur les premiers signes, les symptômes et l'évolution de la myocardite, alors que les campagnes de vaccination nationales s’ouvrent plus largement aux enfants et adolescents.